La première scène s'ouvre sur un mystère... Mais pourquoi Han Gong-ju, en apparence mignonne et sage, semble-t-elle persécutée et obligée de changer de lycée ?
L'histoire :
A Cappella met en image un fait divers sud-coréen sordide dont le réalisateur, Lee Sujin, a pris connaissance en lisant le journal : une jeune fille a subi un viol collectif d'une gravité extrême et est obligée de changer de vie. À l'image du début du film où on ignore si Han Gong-ju est coupable ou victime, la société sud-coréenne semble totalement incertaine sur l'attitude à adopter face aux victimes de viols. Pour la réussite scolaire des garçons inculpés, certains parents vont jusqu'à la supplier d'abandonner toute forme de poursuite, ignorant l'ignominie du crime commis par leur progéniture. La pauvre Han Gong-ju tente, sans y jamais parvenir, de retrouver un semblant de vie normale - notamment grâce à sa passion pour le chant.
Notre avis sur le film :
A Cappella saisit à la gorge tant son sujet est grave, tant la portée de son propos moral est grande. Difficile d'oublier le soir, lorsque l'on rentre chez soi, l'histoire de cette jeune fille abandonnée par la société, poursuivie par ses souvenirs et par des parents fous. Le film sonne comme un signal d'alarme dans un monde où les victimes de viols sont, dans de très nombreux pays, considérées comme à moitié ou complètement coupables.
Le sujet est cru, le film ne l'est pas. Avec toute la délicatesse du monde, le réalisateur Lee Sujin raconte la reconstruction impossible de Han Gong-ju par l'amitié, par la redécouverte de l'intimité, et surtout, par la musique. Han Gong-ju chante, et ses chansons sont légères comme les battements d'ailes d'un oiseau.
Mais autour d'elle, tout se détraque petit à petit, le passé resurgissant de toute part : son père alcoolique, ruiné par la honte, ne semble faire rien d'autre que l'accabler un peu plus. Le nouveau petit ami de la femme qui l'accueille, brutal et sans scrupule, émet des doutes sur le bien-fondé de sa présence au sein de la maison. Des parents surviennent ensuite, obsédés par le sort de leur fils dont le destin glorieux ne saurait être entaché d'un viol (alors que ce crime empêche Han Gong-ju de devenir une grande chanteuse).
Et pourtant... les rares images du viol, qui arrivent comme de désagréables souvenirs, de plus en plus longs et de plus en plus précis, mettent en évidence le crime. La justice est impuissante : les appeler ne résout rien puisqu'il a suffit que l'un des garçons connaisse le commissaire pour que la police ne daigne pas venir.
Dans A Cappella, les femmes sont victimes et les hommes sont lâches et violents. La puissance patriarcale, pourtant célébrée à l'extrême dans le viol collectif, est tout à fait impuissante : la police ne fait rien, le père non plus, le beau-père empire la situation, et il suffit d'une simple signature pour déculpabiliser les violeurs. Les femmes sont seules.
Le film a beaucoup de force dans sa pudeur et sa clarté : il est le témoignage éloquent d'une injustice totale.
Bande-annonce :
Informations pratiques :
A Cappella
En salles le 19 novembre 2014