A Most Violent Year prend place dans la métropole noire de New York, quand Central Park était un repère de brigands sanguinaires et que la mafia régnait encore en maître sur bien des quartiers de la ville. C'est l'hiver : les tours émergent d'un tapis de neige blanc, qui ne tardera pas à être tâché de sang.
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L'histoire :
Abel Morales (Oscar Isaac, parfait) est un patron très classe : refusant de parler espagnol avec ses employés, il fait sentir à tous sa volonté de réussir, de se débarrasser de son identité d'immigré pour devenir l'incarnation du rêve américain. Une belle femme (Jessica Chastain, que l'on n'a jamais vue aussi sexy et affirmée), une belle maison, de beaux enfants, une entreprise florissante... Florissante ? Oui, mais assaillie de toutes parts, alors que New York est envahie de criminels et de tueurs en série.
Les chauffeurs qui conduisent les camions de pétrole sont persécutés par des voleurs armés. Eux n'ont pas le droit d'avoir une arme, et sont à la merci de ces malfaiteurs. Ils se retrouvent à l'hôpital, le visage en sang, et retournent au travail la peur au ventre. Le pétrole est perdu, des centaines de milliers de dollars s'envolent chaque jour. L'un des chauffeurs va finalement vouloir se défendre : il ne fera que dégrader d'avantage la situation de l'entreprise d'Abel Morales. La situation devient désastreuse... Que fera Abel pour sauver ses employés et son entreprise ?
Notre avis sur le film :
New York, ville noire, ville glaciale. Cette métropole, fantasme de rêve et d'argent, est en réalité pleine de mystère et d'angoisse. J. C. Chandor a l'art de filmer la ville entre brume et lumière blanche, dans une atmosphère tendue où toute image semble recouverte d'un filtre, où il faut s'armer de méfiance pour percer à jour ce que l'on regarde. Les paysages s'étirent sur l'écran, la route, l'horizon de gratte-ciel, et semblent désigner un chemin, un chemin toujours trouble.
Alors qu'Abel s'imaginait déjà roi du milieu du pétrole, le voilà qui patauge dans la boue et le sang de ses employés. Le contraste entre son allure calme et la tension constante dans laquelle il vit rappelle Le Parrain : dans cette ville, si tu n'es pas coupable, tu es victime. Et alors qu'il tente de résister aux démons de la corruption et du détournement de fonds, sa femme, fille de mafieux, est un rappel à l'ordre constant : son humanité n'est rien face à la force d'un flingue.
Mais il résiste, surveillé de près par la police et guetté par ses adversaires. Cette résistance est un terrain passionnant pour le spectateur : le personnage d'Abel est à la fois à l'intérieur et à l'extérieur des affaires frauduleuses qui pourrissent la ville. Il connaît ses concurrents et potentiels voleurs : il leur parle, leur demande des services, leur rend visite. Et pourtant, ils sont peut-être ses pires ennemis, ceux qui le mènent à la ruine. Sa femme est à la fois rassurante et angoissante : elle est présente et fiable, mais elle exige de lui la force impitoyable du mafieux, alors que lui veut être un honnête patron, qui pose la main sur l'épaule de ses employés.
J. C. Chandor présente donc un homme en pleine crise, dans un décor de brume et de désarroi, le tout avec une incroyable élégance. Un très beau film, excellent thriller dans la lignée des films de gangsters.
Bande-annonce :
Informations pratiques :
A most violent year
En salles le 31 décembre 2014