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La Rédac · Publié le 2 juin 2008 à 14h17
La rencontre, entre Emir Kusturica et Diego Maradona, a donné naissance à un documentaire sur « El Pibe de Oro ». Ce n’est pas une pâle copie, mais plutôt une déclaration d’amour. Deux génies face à face, cela donne un film à découvrir absolument…
SYNOPSIS : Emir Kusturica célèbre dans ce film l'incroyable histoire de Diego Maradona : héros sportif, Dieu vivant du football, artiste de génie, champion du peuple, idole déchue et modèle pour des générations du monde entier. De Buenos Aires à Naples - en passant par Cuba - Emir Kusturica retrace la vie de cet homme hors du commun, de ses humbles débuts à sa notoriété mondiale, de la plus spectaculaire ascension au déclin le plus profond.Un documentaire unique sur une légende vivante, filmé par son plus grand fan.
DATE DE SORTIE : 28 Mai 2008
REALISATEUR : Emir Kusturica
ACTEURS PRINCIPAUX : Diego Maradona
DUREE : 1h 30min.
LA CRITIQUE SORTIRAPARIS : Le film débute par une scène surprenante, les détracteurs qualifieront, sans doute, ce passage comme un véritable sacrilège, le comble de la modestie "Kusturicienne".
Le prenant comme tel, il est difficilement imaginable de les contredire. Or, venant du réalisateur serbe, on était loin de le soupçonner, à la base.
Pour comprendre, revenons à l'introduction de ce film, où, lors d'un concert donné par le groupe de Kusturica, le leader annonce l'arrivée du réalisateur sur scène, par ces mots : "Voici, le Maradona du cinéma !"
Aie, ça commence mal...
Alors d'entrée, une question existentielle me vient à l'esprit : "Tiens "Kustu" joue dans la modestie, Mais pour qui se prend-il ?".
La suite du film me proposera une agréable réponse, et mérite donc que je défende son auteur.
A défaut de faire une critique, qui ne sera évidemment pas crédible, étant un fan des deux phénomènes, j'essaierai plutôt de vous aider dans votre futur jugement... en espérant que vous irez voir ce film.
J'anticipe sur les futures critiques qui, à mon sens, méritent d'être posées.
Alors messieurs les jurés, levez-vous je vous prie, et débutons le procès de Maradona by Kusturica.
J'entend déjà dire : Pourquoi se mettre en avant, comme l'a fait Kusturica dans ce film ?
La finalité du documentaire n'est-elle pas de renseigner le spectateur ?
Or, malgré la géniale compléxité que suscite la personnalité de Kusturica, on est pas venu pour lui.
Alors pourquoi ?
*Premier argument : Kusturica est un fan inconditionnel du génie argentin, il l'aime, et il use volontairement de cet exagération dans son film. C'est un « Diegophile », un addict du numéro 10, comme des centaines des millions de fanatiques dans le monde. Que peut-on lui reprocher finalement ?
Le fait d'aimer quelqu'un, au point de lui consacrer une œuvre de plus de quatre années de travail ?
Non, vous connaissez l'adage : "Quand on aime, on ne compte pas ".
On lui reproche de s'être trop mis en avant, et surtout devant la caméra. Mais l'amour s'affiche, et ne se dissimule pas.
Alors Kusturica s'est montré, comme un simple gosse à côté de son idôle : Diego Armando Maradona.
*Deuxième argument : Maradona est insaisissable, comme sur un terrain de foot. Il aime avoir le contrôle de ses gestes, de ses paroles, et surtout il adore cultiver le mystère qu’il entoure.
Les légendes restent des légendes... Alors Kusturica improvise, comme Maradona, et se met lui-même en scène pour matérialiser cette impatience, celle d’un fan attendant son idole. Quoi de plus normal ?
Kusturica est habité par l'envie de montrer au monde entier ce que représente vraiment Diego Maradona. Cette envie le ronge, le fait parfois souffrir, c'est pourquoi il veut la faire partager à l'écran, avec nous. On sent que le but (ultime) du réalisateur consiste à "confronter" le spectateur à la personnalité extraordinaire de Maradona. En oubliant les frasques, la drogue, les tricheries...
De finalement se dire : "Tiens, c'est vraiment quelqu'un de bien".
Si les spectateurs pensent la même chose, alors Kusturica aura réussi son pari, et marquer le "but de sa vie". Celui de placer Maradona parmi les géants du monde actuel.
Voilà pour la défense, messieurs les jurés, vous pouvez maintenant annoncer le verdict...
LE VERDICT :
Concernant le film en lui-même, il mérite une attention particulière puisque l'on apprend à découvrir un génie, un des rares vivants encore sur notre planète.
Mais qui est Maradona ?
Description :
Pour nous les humains, l'Argentin Diego Armando Maradona est avant tout un génie du ballond rond, auteur du "but du siècle"... et de la "main de Dieu", lors d'un même match de football, ce quart de finale de Coupe du Monde 1986, contre l'Angleterre, quatre ans après la guerre des Malouines.
Il utilisera d'ailleurs cet argument pour motiver ses troupes, juste avant le match, ce qui fît de cette rencontre, un évènement extra-sportif.
Maradona cultive le paradoxe : Cocaïnomane, Fêtard... mais vénérant sa famille comme personne. C'est ça "Maradona", cet homme né avec la main sur le cœur, et possédant un code de l'honneur rare.
Au fil des minutes, on apprend à cerner le personnage, et l'on découvre des séquences qui nous font sourire, souffrir, pleurer... Pourtant ce n'est pas une fiction, ni un vulgaire roman adapté au cinéma. Non, c'est le récit d'une vie, passionnante, celle de Diego Maradona.
Une vie, où l'on retrace avec lui, ses contours, son parcours. Une vie qui commence à Villa Fiorito, la banlieue très pauvre de Buenos Aires. Sa jeunesse durant laquelle il obtient le "sens de la noblesse", sa vision du monde. Il méprise ouvertement les Anglo-Saxons, Georges W. Bush, et vénère le Che et Fidel Castro. (Il a d'ailleurs les tatouages de ces deux révolutionnaires.)
Il nous explique enfin sa descente aux enfers, la coke... On est ému avec lui, quand il nous parle de sa famille et de son amour inconditionnel pour ses filles. Oui, derrière ce mètre soixante-six, se cache un sacré bonhomme, face à qui l'on se sent inévitablement encore plus petit.
Pour achever son film, "Kustu" nous offre un moment magique, celui d'inviter Manu Chao à chanter un de ses titres devant l'idole, Maradona. Le résultat donne
ça : "La Vida Tombola".
Alors pour finir, à l'image de Manu Chao, j'aimerai dire : "Si yo fuera Maradona viviría como él".
Je pense que ce sentiment sera partagé par tous ceux qui auront vu ce film. Si j'étais Maradona, je vivrai comme lui...