Tout commence dans le ciel : des images, à la façon de Yann Arthus-Bertrand, survolent une région de marécages. Les étangs semblent des peintures. Vue du haut, l'Andalousie est d'une beauté à couper le souffle... Mais en s'approchant, des cadavres de jeunes filles immergent des grandes herbes. Deux jolies jeunes filles, réputées légères, sont recherchées puis trouvées mortes, violées et torturées. Deux policiers, l'un jeune et doux, l'autre brutal et au passé lourd, enquêtent, chacun à sa manière. Au fur et à mesure, le silence des uns et les mystères des autres dévoilent une société minée par la mélancolie post-franquiste et par l'effarement post-dictatorial.
Alberto Rodriguez signe un film absolument passionnant, un policier tel qu'on aimerait en voir plus souvent, qui tient le spectateur en haleine des premières images jusqu'à la résolution finale. L'esthétique est travaillée avec un soin d'artiste : les couleurs oscillent de camaïeux de bruns en nuances de verts, et les visages des petites gens sont filmés avec dignité et noblesse. Plus qu'un film policier, La Isla Minima est le portrait d'un peuple profondément blessé, meurtri, perverti par la peur. Les crimes privés ne sont que les ombres des atrocités commises par Franco quelques années auparavant et les deux policiers forment deux images de la justice. Époustouflant de maîtrise.
Bande-annonce :
Informations pratiques :
La Isla Minima
En salles le 15 juillet 2015