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La Rédac · Publié le 13 juin 2008 à 14h51
Passé la trentaine, chez certaines personnes la solitude est perçue comme un vilain défaut. La pression exercée par les proches autour de ce célibat prolongé est telle qu'elle peut parfois dériver sur un sentiment de honte. Zoe Cassavetes signe son premier film sur un thème très "actuel".
Synospis : En parfaite new-yorkaise, Nora, la trentaine bien sonnée, s'est développée une carapace à l'épreuve de l'amour. Cynique et désenchantée, elle se demande ce qu'elle pourrait bien faire pour trouver l'homme idéal. Elle n'est pas vraiment aidée par sa mère qui ne perd jamais une occasion de lui rappeler qu'elle est toujours célibataire.
Après une série de rendez-vous désastreux, elle rencontre Julien, un français insouciant et joyeux, venu à New York pour travailler sur un film qui finalement ne se fera pas. Nora se laisse un moment convaincre par l'insouciance de Julien, mais redoutant un nouvel échec amoureux, elle se refuse d'y croire et le laisse repartir en France.
Prise de remords, elle décide finalement d'aller à Paris, espérant enfin conjurer le sort de son train-train quotidien. Ce voyage sera l'occasion de reprendre en main sa destinée...
Réalisé par : Zoe R. Cassavetes
Date de sortie : 16 Juillet 2008
Avec : Parker Posey, Melvil Poupaud, Drea de Matteo
La critique SAP : Nora, une jeune New-Yorkaise d'une trentaine d'années coincée entre une vie professionnelle qu'elle n'a pas choisie, et une vie sentimentale tumultueuse. Un air de déja vu ?
A première vue, on aurait tendance à répondre par l'affirmatif, mais la recherche de l'amour est un sujet suffisamment universel, et vaste, pour que l'on s'acharne péniblement à faire du copier-coller. En plus, c'est Zoe Cassevetes qui s'y collle. Alors creusons en peu plus pour se faire un avis...
C'est malheureusement sur l'apparence que l'on se forge une première opinion... Première scène, un sourire, forcé, preuve du mal être d'une jeune femme qui n'assume pas son célibat. Pour faire face, elle mise sur une apparence soignée, histoire de se dégager de toute responsabilité. Une manière de dire : "Ce n'est pas de ma faute, regardez comme je suis belle !"
Zoe Cassavetes l'a bien compris, d'autres avant elle aussi, car ce que l'on retient finalement de ce film est qu'il faut essayer de s'aimer soi-même pour être aimé. L'histoire d'amour de Broken English a sans doute déjà été racontée, mais il s'agit davantage de l'histoire d'une recherche, d'une exploration intérieure.
Cette recherche, c'est Parker Posey (Nora) qui va habilement la mener dans ce film. L'œuvre de Zoe Cassavetes est singulière, car elle cible particulièrement l'endroit douloureux, là où on a pas envie d'aller : l'introspection.
Nora souffre en s'évertuant à rechercher l'amour absolu. Le seul moyen pour elle de s'épanouir enfin, après de nombreuses histoires avortées.
Dans cette situation "désespérée", Parker Posey montre à quel point ses talents d'actrices méritent d'être reconnus.
Comme c'est souvent le cas, la providence frappe à la porte... ou plutôt s'installe le temps d'une soirée. Un frenchy, Melvil Poupaud (Julien) débarque dans sa vie. Il ne connaît pas New-York, elle veut inconsciemment fuir cette ville. Il vient de se faire larguer, un facteur que Nora maitrise sur le bout des ongles. Ils ont tout pour s'entendre, mais le soucis majeur est qu'elle n'accepte pas l'amour, le bonheur dans les bras de quelqu'un qui respire la joie de vivre. Les doutes, les peurs de Nora prennent progressivement le dessus sur l'acceptation du bonheur recherché. Zoe Cassavetes met subtilement ces deux sentiments dans la balance, et nous installe insconsciemment dans les doutes de Nora.
De quel côté penchera la balance ? La dernière image nous donnera un élément de réponse...
"Zoe-fille", signe un brillant premier film, tout en restant cependant à distance du niveau "Cassavetes-père, et grand-père". Mais dans son propos et sa forme, ce film mérite des applaudissements. On retiendra donc de Broken English, une "fraîcheur" élégante et soignée, à défaut d'une originalité évidente.
Pour conclure, une question essentielle s'imposait : "Etait-ce une œuvre autobiographique" ?
Oui, répond l'intéressée. Plutot réussie comme psychanalyse...
PS : A noter la B.O particulièrement réussie des Scratch Massive. Retenez bien ce nom...
Broken English extrait :