Un jour, un pavillon. C'est un peu le même principe qu'un jour, un livre. Mais avec les pavillons de la Foire de Paris. Aujourd'hui, le pavillon 1 où il est question de construire et de rénover sa maison. Une ode à la fainéantise.
Voilà la pensée qui traverse l'esprit du badaud gambadant dans le pavillon 1 tant la pléthorique offre qui lui est présentée incite ... à ne rien faire. L'aspirateur qui aspire tout seul. La raclette qui mouille, savonne et sèche. La table qui repasse sans fer. "Je ne parlerais pas de fainéantise mais plutôt de confort", nuance un commercial affublé d'un bleu de travail, au garde-à-vous devant une imposante maison à la façade ... auto-nettoyante. Bienvenue dans le pavillon 1 qui intéressera celles et ceux à qui viendrait l'idée de rénover une salle de bains, construire un escalier en colimaçon dans le salon ou, encore, installer des gros lions sculptés avec amour devant leur maison.
Entre deux gros blocs orange, vous trouverez également des architectes en libre-service. On se présente, on demande un créneau et on pose sa question. "C'est pas le rush", confesse un pro qui gribouille des perspectives pour tuer le temps entre deux rendez-vous. A ce sujet, y a du monde ou pas dans la place ? Difficile de juger la foire "calme" parce qu'elle l'est de façon effective ou parce que la rumeur court depuis l'inauguration qu'elle l'est. Vous suivez ? Pour Josiane, aux rennes de son stand de ferronnerie d'art, pas de doute, "les allées s'élargissent d'année en année". Et cette dernière de constater fatalement que les gens sont "de plus en plus moroses". Alors, pour égayer tout ça, Elisa, 9 ans, lui a concocté des affiches publicitaires avec ses crayons de couleurs. Si c'est pas mignon.
En quelques heures à peine de Foire de Paris, le refrain revient, telle la chanson populaire de Claude François, qui, puisque nous l'évoquons, n'aurait sûrement pas été indifférent à cette exposition de baignoires. "Je ne pourrais plus m'en passer". La phrase clé du commercial qui est au chaland ce que le lombric est à la truite en eaux fortes. Elle résonne notamment autour de ces lunettes de toilettes japonaises habillement alignées. "A quoi ça sert ? A se laver les fesses sans se lever ! Vous pouvez continuer à bouquiner tranquillement, on fait le boulot à votre place". Et évidemment, ce vendeur cravaté, qui utilisait jadis du vulgaire papier toilette, "ne pourrait plus s'en passer". Séduire le visiteur, tout un art. Chez le leader mondial du plafond tendu, on joue la carte de la démo, le stand faisant quasiment office d'aire de jeux pour les enfants qui s'amusent à piétiner la matière extensible. Attention les gars, paraît que ça a pété, l'année dernière. Chez Josiane, pas de pression. On laisse d'abord regarder puis on discute. Ou pas. "C'est vrai quoi, on n'est pas là pour vendre des prix". Elle a raison, Josiane.
Tranchons, donc. Oui, c'était un jeudi calme au pavillon de la maison. Un jeudi à peine troublé par la troupe de Laurent Baffie qui passe son temps à embêter les petites vieilles. Un jeudi où, sur les coups de 18h, les commerciaux des marques haut de gamme cherchent une manière inédite de se croiser les bras. A la même heure, ce valeureux cuistot qui vous vend et vous vante "le plaisir de cuisiner comme un chef", met les pieds dans le plat : "Allez, c'est la fin de la journée, on met toute la farine." Côté appareils ménagers magiques, les nerfs craquent aussi. "Je dois aspirer dix heures par jour, j'en peux plus", lâche ironiquement une démonstratrice. Si c'est pas triste d'entendre ça, presque 70 ans après le droit de vote accordé aux femmes. Comme le disait Vivien Leigh, demain est un autre pavillon.
Bon à savoir Le café, délicieux, est à l'œil au stand Lavazza
Geoffrey Sebille,
Magasins Paris
