Tremblez , frêles étudiants en techniques commerciales que vous êtes. Augusto se prépare pour une nouvelle séance de vente éclair de débouche-tout. Prenez-en de la graine, ce gars est capable de refourguer une canne à pêche un manchot.
Au royaume des camelots, autrement dit le pavillon 6 dévolu à cette douteuse passion qu'est le bricolage, Augusto est roi. Et surtout un énorme baratineur. C'est celui qui le dit qui l'est. "J'attire le public, je l'endors, j'annonce le prix et je balance la marchandise". Et paf, tout le monde tombe dans le panneau. Pas tant celui du produit qui, on l'espère pour ceux et celles qui repartent avec le fameux débouche-tout sous le bras, est aussi efficace à la maison qu'à la foire. Mais du personnage. "Ce que je vends avant tout, c'est mon baratin." Démonstration.
L'allée est vide mais ça fait une belle jambe à Augusto. "Même s'il n'y a personne, il ramasse du monde", rassure une fidèle collaboratrice. Une personne s'arrête. Puis deux. Quelques complices éparses et quelques curieux achèvent la foule. Depuis 50 ans qu'Augusto vend tout ce qu'il touche, la méthode est aussi aiguisée qu'un canif suisse. De l'humour : "vous pouvez rester madame, c'est gratuit". De la ponctuation systématique des interpellations du public par des "madame, monsieur". De l'imparable démo puisque réalisée devant et par l'auditoire. Des messages écolos, "est-ce que ça pollue ? Noooooon !" De la revue de presse : "même TF1 en parle". Et évidemment du rabais à gogo : "je commence à 59 euros, je descends le prix et vous me dîtes stop."
Le one-man show dure un quart d'heure. Au feu vert d'Augusto, le public, qui ne tient plus, sort de ses starting-block et dégaine le billet de 20 euros. En cette fin de journée, cinq débouche-tout partiront (dont un à un complice, gaulé !). "Et encore, s'il m'avait pas fait rire, on en aurait vendu plus." Avec une quarantaine de démonstrations par jour, on lui pardonne volontiers cette petite baisse de régime.