Depuis près d'un mois maintenant, les centres commerciaux et les grands magasins de plus de 20 000 m² sont fermés, sur ordre du gouvernement. Une mesure qui empêche de nombreuses enseignes de gagner suffisamment d'argent pour rester à flots, et qui s'ajoute aux longs mois de 2020 durant lesquels les commerces non-essentiels ont dû rester portes closes.
Pour Nicolas Houzé, cette situation devient intenable. Le directeur général des Galeries Lafayette a fait savoir sa colère dans un entretien paru ce 21 février dans le Journal du Dimanche. Selon lui, cette fermeture forcée a un fort impact sur le groupe dont il a la charge, et il estime que les Galeries ne retrouveront leur niveau d'avant crise qu'en 2024.
Nicolas Houzé n'est pas le seul à exprimer de tels sentiments. Tous les centres commerciaux et les grands magasins ont interpellé le gouvernement et demander quand ils pourraient reprendre leur activité. Si les Galeries des Champs-Elysées et les Galeries Lafayette Gourmet ont eu l'autorisation de rouvrir, ce n'est pas le cas de la majorité des magasins de ce groupe.
30% des magasins gérés par Nicolas Houzé sont fermés. Ce sont les enseignes qui génèrent 70% du chiffre d'affaire du groupe, et emploient 7 000 collaborateurs aujourd'hui au chômage partiel. « L'an dernier nous avons perdu près de la moitié de notre chiffre d'affaires, soit 1,7 milliards d'euros. Nous n'avons jamais subi un tel choc en 125 ans d'histoire. C'est très dur pour nous et violent pour nos collaborateurs qui ont envie de venir travailler après 4 mois de confinement. Cette fermeture est injuste et injustifiée », affirme le directeur général.
Il se dit prêt à réduire la surface de ses magasins pour pouvoir rouvrir et réfute le caractère dangereux des grands magasins en période de pandémie. « Un grand magasin n'est pas un centre commercial. Nous sommes un lieu circulant, et pouvons assurer la parfaite gestion de nos flux de visiteurs », assure-t-il.
Comme tous les secteurs touchés par ces fermetures obligatoires, les Galeries Lafayette ont pu profiter des aides du gouvernement, comme le prêt garanti par l'Etat. En 2020, le groupe de Nicolas Houzé a touché 300 millions d'euros d'aides. Le directeur général veut cependant se détacher de ce coup de pouce financier : « L'idée n'est pas de vivre aux crochets de l'Etat mais de repartir. »
L'absence de clientèle étrangère, chassée de France par la Covid-19, explique également les difficultés financières que rencontre le groupe. « La clientèle française a toujours été la première en nombre devant les visiteurs chinois ou américains. (...) Bien sûr, la clientèle étrangère, qui représente de 60% de notre chiffre d'affaires au sein du vaisseau amiral d'Haussmann, nous manque… Mais elle reviendra. Je suis convaincu que l'être humain, qu'il soit chinois ou américain, aura toujours envie de voyager, de voir la Tour Eiffel et de visiter le Louvre. Cela implique de ne pas faire de réduction de personnel ou de choix drastique de remodelage de nos magasins. Nous devrions revenir en 2024 au niveau de 2019 », prévoit le patron français.
En attendant, les Galeries Lafayette ont profité de la crise pour développer leur offre numérique et le e-commerce. Cependant, ces dispositifs ne suffisent pas à combler le large manque à gagner causé par la fermeture des boutiques physiques.