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· Publié le 17 juillet 2008 à 16h03
New York, années 1960, « utopie » n’est pas un gros mot. Dans la brèche ouverte par le tandem Cage/Cunningham, Trisha Brown pulvérise avec une poignée de ses contemporains la conception d’une danse où littérature, théâtre et relation avec la musique sont évacués.
Pionnière devenue institution, elle ne cesse jamais d'expérimenter. Après avoir dansé sur les toits, les étangs, les arbres et les façades, elle investit les théâtres, où elle fait vivre le hors-cadre, dans le silence. Puis, dans l'ordre, elle se lance dans 1 / le son - la musique indépendante reste simple compagne ; 2 / la musique - dont elle recherche et occupe les « espaces inutilisés » ; enfin 3 / une drôle d'émotion subliminale. Elle dessine aussi et son œuvre, terrienne et cosmique à la fois, exprime graphiquement ce que sa trajectoire a d'intuitif, tout comme des leitmotivs se font signe d'une chorégraphie à l'autre. Ainsi, dans Foray Forêt, une fanfare voyage, invisible, et ses flonflons tissent avec la danse une texture étrangement sensuelle. Dans Canto/Pianto, quintessence de sa mise en scène de l'opéra Orfeo de Monteverdi, Trisha Brown poursuit un passage de relais épuré entre danse et musique. Avec PRESENT TENSE, elle revient aux suspenses du déséquilibre en dialoguant avec une musique imprévisible, si sereine - malgré les capitales du titre. Et toujours l'humour. Dans une « chorégraphie » de 1969, Skymap [carte du ciel], elle proposait au public allongé dans l'obscurité d'imaginer une danse au plafond, en écoutant sa voix enregistrée qui énonçait lieux, souvenirs d'enfance, considérations personnelles.
Quelle que soit la forme abordée - chorégraphie, mise en scène d'opéra ou dessin -, Trisha Brown est un mélange rare de méthode et de poésie. Son travail renvoie à l'invisible. Elle permet donc un autre regard aux spectateurs. Et une autre présence ? Oui, au présent et au plus près d'un langage primordial de la danse par retour à leur propre corps. Mieux que libre comme l'air, libre comme une utopie.
Du 23 au 26/07 à 22h
Palais Royal, Cours d'Orléans (1er)
Tarif 15 euros / 12 euros
Avec Todd Stone, Hyun Jin Jung, Tony Orrico, Todd McQuade, Tamara Riewe, Leah Morrison, Judith Sanchez Ruiz, Laurel Tentindo et Melinda Meyers (danseurs). Foray Forêt, Trisha Brown (chorégraphie), Robert Rauschenberg (scénographie et costumes). Musique au choix de la fanfare de Banlieues Bleues. Commande de la Biennale de la Danse de Lyon en collaboration avec le Centre national de danse contemporaine d'Angers, Wexner Center for Visual Arts, Walker Art Center, Jacob's Pillow Dance Festival et Cal Performances, Université de Californie à Berkeley. Avec le soutien de la Fondation Andy Warhol pour les Arts Visuels, Fondation Andrew W.Mellon, Fondation Greenwall, New York State Council for the Arts et National Endowments for the Arts. Avec la collaboration de Banlieues Bleues PRESENT TENSE, Trisha Brown (chorégraphie), Elisabeth Murray (costumes), Jennifer Tipton (lumières). John Cage (musique). Commande du Festival international de Danse de Cannes 2003. Production de la Trisha Brown Dance Company, avec l'aide des Doris Duke Funds for Dance du National Dance Project. Avec le soutien de la Fondation New England for Dance, National Endowment for the Arts, Fondation Charitable Doris Duke, Fondation Ford, Fondation Andrew Mellon et Altria Group, Inc. Canto/Pianto, Trisha Brown (chorégraphie et scénographie), James Dawson (effets sonores), Jennifer Tipton (lumières), Roland Aeschlimann et Burt Barr (costumes). Claudio Monteverdi (musique). Commande de l'American Dance Festival. Coproduction de De Singel Anvers, Théâtre Hebbel am Ufer de Berlin, la Monnaie de Bruxelles et Springdance Utrecht 1999. Ont aussi contribué la Fondation Nathan Cummings, National Endowment for the Arts, New York State Council for the Arts, Fondation Shubert, Margaret Cullinan Wray Charitable Lead Annuity Trust. Avec le concours du Centre des monuments nationaux.