Par
· Publié le 29 septembre 2008 à 16h04
Après avoir présenté " Turandot " de Puccini en 2005, le Stade de France à Saint-Denis retente le pari de l' " opéra spectacle " en donnant samedi soir "Nabucco" de Verdi, dans une mise en scène de Charles Roubaud, un habitué du gigantesque Théâtre antique d'Orange.
Le spectacle laissera sans doute indifférents nombre d'amoureux de l'art lyrique, dont beaucoup trouvent aussi incongru de représenter un opéra dans un stade que de faire jouer un match de football dans un théâtre.
Mais la compagnie néerlandaise Companions Opéra affirme avoir convaincu 50.000 personnes (sur 55.000 possibles) de venir écouter et voir au Stade de France "Nabucco" (1842), immortalisé par le "chœur des esclaves" hébreux pleurant leur patrie occupée par le roi de Babylone Nabuchodonosor ("Va pensiero...").
"Notre vœu a été de faire un opéra populaire, alors que pour beaucoup de gens ce genre est privé, réservé à une élite. Si cela peut amener ne serait-ce que quelques personnes, ensuite, à pousser la porte des maisons d'opéra, ce sera parfait", explique à l'AFP Charles Roubaud, metteur en scène de cet "opéra spectacle", selon l'expression de la production.
A défaut de connaître le Stade de France, ce Marseillais est un solide artisan de la mise en scène lyrique. Il a réglé des productions aux Arènes de Vérone ("Rigoletto" en 2001) et surtout aux Chorégies d'Orange, qu'il a ouvertes en 2004 avec "Nabucco", justement. "Les grands espaces ne m'effraient pas", dit-il avec amusement.
Le défi est cependant nouveau pour lui dans l'enceinte elliptique de Saint-Denis. "Les chanteurs jouent à 360 degrés. Il faut qu'ils aient à l'esprit que le public est partout. Mais ce qui est intéressant, c'est que cela nous libère de la contrainte du rapport traditionnel scène/public", souligne Charles Roubaud.
Comme "Aïda" de Verdi ou "Turandot", "Nabucco", qui n'est pas avare en scènes de foule, est l'un des rares fleurons du répertoire à résister à un cadre gigantesque. Tant mieux car dans un stade, "on ne peut pas faire du minimalisme, il faut des effets qui se voient, voire de la pyrotechnie", note le metteur en scène.
Venu des arts picturaux, Charles Roubaud a choisi d'esquisser par sa mise en scène des "figures assez graphiques", avec "des gens très ordonnés, par couleur". Mais de ce grand espace peut émaner aussi "une impression de solitude", assure le metteur en scène, qui prend l'exemple dans "Nabucco" de l'air d'Abigaille, "une fois isolée par les éclairages".
Même sonorisées, les forces musicales et vocales impliquées dans ce genre de projet doivent être choisies avec grand soin. "Nabucco" sera servi, outre ses 400 figurants, par une formation permanente de bonne tenue (l'Orchestre national d'Ile-de-France dirigé par son chef américain Yoel Levi) et une distribution solide, dont se détache la basse russe Askar Abdrazakov.
Informations AFP