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· Publié le 16 octobre 2008 à 11h21
Les fans d'Elie Semoun pourront se délecter de son nouveau spectacle jusqu'au 25 octobre à l'Olympia (à condition d'avoir réservé depuis longtemps). Sur une mise en scène de Roger Louret, "Merki" présente de nouveaux personnages qui se révèleront certainement cultes dans le temps. Après son "Olympiade", l'humoriste partira ensuite en tournée dans toute la France.
Réservations :
Olympia : 0 892 68 33 68 (0,34 €/mn)
www.olympiahall.com et points de vente habituels
www.eliesemoun.frwww.myspace.com/eliesemounVotre sixième spectacle s’appelle « Merki ». Vous le jouerez à l’Olympia du 8 au 25 octobre, puis en tournée dans toute la France. Comment est née l’idée de ce spectacle ? De quoi est-ce parti ?
Elie Semoun : D’abord, de mon envie de remonter sur scène. Je vous avoue que vous êtes actuellement en face d’un drogué, sous perfusion depuis quelques années. J’ai besoin de remonter sur scène. Mon métier, c’est comédien mais là où je suis vraiment né, c’est sur les planches. J’ai besoin d’y aller. En même temps, c’est une grande prise de
risque parce qu’on est tout seul devant plein de gens. Mais c’est ce qui est excitant. On est récompensé de toute les angoisses qu’on a quand on monte sur scène quand ça marche, que les gens viennent se marrer. Donc voilà, je remonte sur scène. Au début, je me posais des questions. Je me disais « Est-ce que je vais encore avoir des trucs à dire ? ». Et puis il s’est passé des choses dans ma vie et je me suis dit que je pouvais en parler.
Que s’est-il passé ? À qui est destiné ce « merki » ?
Merki, c’est d’abord un petit clin d’œil, puisque c’est une expression qui est un peu passée dans les mœurs. Je dis ça sans prétention évidemment mais j’entends plein de gens qui disent «Merki», «Bongour». C’est Mikeline qui parle comme ça, celle qui a une surcharge pondérale importante et qui est une célibataire « endurkie ». Elle dit «Merki». C’est un petit clin d’œil à ça. C’est plutôt positif comme titre de spectacle. C’est une façon de dire au gens merci de bien m’aimer, de venir me voir. S’ils viennent me voir… ça dépend de vous.
Ce merci n’est pas destiné à quelqu’un en particulier?
Non. C’est destiné au public. De toute façon je ne te le dirai pas.
Quels sont alors les évènements qui se sont produits dans votre vie, qui ont généré les nouveaux thèmes de ce spectacle ?
Disons que ce spectacle est un peu plus personnel que les autres. Même si je me sers de personnages comme d’habitude. Comment dire cela pour ne pas être trop impudique ? Je vais parler de mon divorce, au début du spectacle. Je vais parler d’une rupture que j’ai vécu il n’y a pas longtemps. Ça va parler aux gens. Je ne parle pas de
moi pour me faire plaisir, ou pour me débarrasser de certaines choses. Mais je sais très bien. Il y a quatre sketchs là-dessus. Il y a un mec qui se fait larguer. Un mec qui devient fou parce qu’il croit que la fille est encore là, mais elle n’est plus là et il est dans un hôpital psychiatrique. Une nana qui se fait son Facebook parce que maintenant elle est libre, elle croit que ça va être sa liberté, Internet, Facebook… Il y a certains sketchs qui parlent de ça. Mais encore une fois, j’en ris. Et je suis certain que ce que j’ai vécu, je ne suis pas le seul au monde à le vivre. Donc je sais que ça va parler aux gens. J’en suis sûr et certain. Après, j’ai renouvelé un peu le stock de mes personnages. Au début, je fais passer une audition à mes personnages, pour voir ceux que je vais prendre et ceux que je vais baser. J’en enlève quelques uns. J’ai juste gardé Kévina, qui est sur MSN, parce que c’est un personnage très moderne. Maintenant, toutes les petites nanas de 15-16 ans, et même plus âgées d’ailleurs, sont toutes sur MSN. « Cher beau_gosse69, c’est top_model93, est-ce que tu es en ligne, smiley d’interrogation ». Là on entend des bruits de connexion. Il y a plein de gens qui se connectent. Il y a une coiffeuse qui s’appelle Colette, qui est triste d’être
coiffeuse et qui voudrait être chanteuse. Donc elle va chanter. Il y a des mecs qui préparent le casse du siècle. Lundi, 10h30, Crédit Agricole, Argenteuil. Ce n’est plus la BNP parce qu’il y a un parking payant devant maintenant. Il ne faudrait pas que ça nous coûte de la thune. Donc ils sont en train de monter un casse tout pourri. Il y a plein de nouveaux personnages. J’ai vraiment tenté de me renouveler. Je n’ai pas encore joué ce spectacle devant les gens mais d’après ce que je ressens, je sais qu’il sera drôle et émouvant.
Est-ce qu’on va retrouver certains de vos anciens personnages, comme Toufik ou Mikeline ?
Non. Mikeline, on va la voir au début, à l’audition. Elle va danser. Toufik, il va faire un slam mais c’est tout ce qu’il va faire. Encore une fois, je fais un clin d’œil à ces personnages là mais je ne veux pas qu’on me dise « C’est toujours la même chose, c’est trop facile ». Je veux vraiment que ce spectacle soit neuf pour les gens. Il est neuf. Je veux évoluer et je pense que j’ai évolué.
C’est un spectacle que vous avez écrit sur combien de temps ?
J’ai tourné un film il y a un mois, qui m’a demandé beaucoup de temps et que j’ai coécris. Sur le tournage, je travaillais tellement que je n’avais pas le temps de m’occuper de mon spectacle. J’ai eu un petit mois de battement entre la fin du tournage et maintenant. J’avoue que j’ai écrit mes sketchs un peu dans l’urgence. Je me suis fait aider par Muriel Robin, Manu Payet, Pierre Palmade. Mais avec le travail que j’ai eu et ce que j’ai vécu dans ma vie personnelle, c’est un miracle que je sois là. Je ne sais même pas comment j’ai fait. Mais justement, c’est ce qui va donner au spectacle quelque chose d’intense je pense. J’espère.
Comment faites vous pour savoir qu’un sketch va fonctionner, qu’il est bon et bien écrit ?
Je n’en sais rien. Mon instinct me dit que ça va être drôle et que ça va parler au gens. Mais sincèrement, c’est vraiment la question à laquelle je ne peux pas répondre. C’est ça l’horreur en fait, c’est qu’on ne sait pas. Je le ressens parce que j’ai de l’expérience mais je ne sais pas.
Roger Louret, votre metteur en scène vous suit depuis très longtemps. Il vous connait bien...
Oui. C’est mon premier patron, j’avais 19 ans. Il m’avait engagé dans une pièce de théâtre classique. C’est là que j’ai rencontré Muriel Robin. Depuis, je ne peux pas me passer de lui. Le scoop ! Je suis maintenant homosexuel. Il n’y a pas de mal. C’est normal. Je ne peux vraiment pas me passer de lui artistiquement, je précise. Il est intelligent, il sait bien me scanner. Il sait que je suis assez rapide, je comprends vite ce qu’il me raconte. Il est surtout là pour me mettre en confiance. Là actuellement, j’ai tellement fait le spectacle en répétition, que j’en ai marre d’avoir des sièges vides. Maintenant j’ai besoin du public. Le public, ça va être mon deuxième metteur en scène. Ce sont eux qui vont me dire « Cette phrase elle est nulle, ce sketch il est bien, ce sketch il est moins bien… ». Ce sont eux qui décident.
Quand on est seul en scène, est-ce que le choix du costume a également une importance capitale ?
En général, j’ai zéro accessoire. Je n’aime pas ça. Si je fais semblant de téléphoner, je n’aurai jamais un portable à la main, ça ne sert à rien. Si j’ouvre une porte, je n’ai pas besoin d’une porte. Si j’ai trois mecs devant moi, je n’ai pas besoin de les avoir. Non, il n’y a rien. Je vais jouer comme ça, en costard, chemise blanche, parce que c’est classe. C’est simple. Je n’aime pas les accessoires. Et quand je vais voir des spectacles où je vois cinquante accessoires, un décor, si c’est pour quelqu’un qui joue seul, je me dis « Aïe Aïe Aïe, c’est mal barré ça ». Il faut pouvoir faire rêver les gens avec rien, c’est ça la performance.
Après avoir joué votre précédent spectacle « Elie Semoun se prend pour qui ?» au Théâtre du Gymnase, vous investissez l’Olympia jusqu'au 25 octobre... Est-ce que vous avez une appréhension particulière de jouer là-bas ?
Oui c’est sûr. Même si j’ai joué dans plein de théâtres, même dans des gros trucs, des Zéniths, que je vais refaire avec cette tournée et qui sont des salles impressionnantes, l’Olympia ça fait vraiment flipper. Je ne sais pas pourquoi mais les premiers soirs, c’est toujours horrible. Je ne sais pas ce qui se passe dans cette salle… C’est Paris, dans la salle il y a des gens du métier. Il y a du public évidemment. Disons que c’est une salle incroyable à jouer mais qu’il ne faut pas se planter parce que sinon c’est incroyable, mais dans l’autre sens. Ça ne m’est jamais arrivé, évidemment mais ça fait flipper.
Elie, avant et après l’Olympia, vous allez partir en tournée, une énorme tournée à travers toute la France. Est-ce que c’est quelque chose qui vraiment vous réjouit ?
Ouais ! Super ! Ça me réjouis ! Oui, bien sûr je suis content mais à force d’avoir fait tellement de tournée, je suis un peu casanier. Partir… Je ne vais pas me plaindre, je tiens à le préciser. Mais quand on joue dans des grandes salles et qu’après il n’y a plus rien, les gens se sont barrés, tu te retrouves dans ta chambre d’hôtel. Ça fait bizarre. Il y a un décalage. Quand tu rentres chez toi ça va mais quand tu restes en province…. Il y a un décalage entre la folie de la soirée et tout à coup boom ! Il n’y a plus rien. J’ai du mal à vivre ça. Mais ceci dit, je me réjouis d’aller dans certaines
villes. Dans toutes les villes évidemment. Mais il y a des endroits qui m’ont laissé des supers souvenirs. Le Dôme à Marseille. Incroyable, une soirée de folie. Montpellier, Caen, Lille évidemment, parce que dans le nord ils sont tarés, ils sont complètement déchainés. Bref, j’aime bien jouer dans des zéniths parce que dans les zéniths, ce sont les vrais fans qui viennent vous voir. Quand on joue dans des théâtres, parfois ce sont des théâtres d’abonnés, ce sont des gens qui viennent vous découvrir parce que dans leur abonnement ils ont trois ou quatre spectacles et ils choisissent le tien. Mais dans les zéniths, ce sont les vrais de vrais. Ça met une ambiance de folie et ça j’aime bien.
Est-ce que la tournée est aussi l’occasion pour vous de redécouvrir et de rendre visite à vos amis les pépiniéristes ?
Oui bien sûr. Je partirai avec ma bible, mon bouquin avec tous les pépiniéristes de France et je me referai encore tout ça. C’est un vrai plaisir, j’adore les plantes. Ça me détend. J’ai la chance d’avoir un jardin donc à chaque fois je ramène des plantes de chaque ville. J’aime bien ça, c’est mon petit plaisir.
Elie, vous allez fêter vos 45 ans cette année.
Argh ! Excusez-moi, on peut arrêter là l’interview ?
Est-ce que ce n’est que de l’arithmétique ces 45 ans. Est-ce que vous êtes toujours aussi jeune dans la tête ?
Je ne sais pas, ce n’est pas à moi de le dire. Est-ce que vous trouvez que j’ai l’air d’avoir 45 ans ? 45 ans ! Tu m’as tué là. C’est un chiffre horrible. Je ne m’en rends pas bien compte. Si, je m’en rends compte quand je drague des nanas de 16-17 ans. J’ai l’âge de leurs parents, je suis même plus vieux ! Je ne sens pas un décalage entre ce que je vis et l’âge que je suis sensé avoir. C’est comme ça, c’est tout.
Sans faire vraiment de bilan, est-ce que le parcours jusque ici vous convient ?
Oui, ça va. Je ne suis pas du tout prétentieux donc je ne vais pas dire Oui. Mais je ne vais pas dire Non non plus. C’est clair comme réponse ?
Quels sont les moments les plus forts alors?
De ma vie professionnelle ? Peut être le film que je viens de faire « Cyprien », qui va sortir le 25 février, auquel je
crois beaucoup. C’est enfin mon univers. Cyprien, c’est le personnage qui aime bien les blondes à forte poitrine. Mais ce n’est pas que ça évidemment, sinon le film serait tout pourri. C’est un mec qui est un peu comme tous mes personnages, seul, pathétique mais drôle en même temps. C’est sûr qu’il n’est pas aidé parce qu’il parle comme ça… Il a des dents pourries et des lunettes mais c’est un gentil garçon. J’espère que ce film sera comme mes spectacles, avec des personnages à la fois drôles et émouvants. C’est pour ça qu’on ne peut pas dire que dans mes spectacles je
suis cruel parce que je le suis mais j’aime les mecs que j’interprète.
Dans ce film, produit par Arthur et réalisé par David Charon, vous avez quand même comme partenaire Catherine Deneuve. Vous ne vous refusez rien !
Catherine Deneuve est une folle des plantes, comme moi. Donc je ne suis pas le seul. J’ai fait une fête dans mon jardin. Elle est venue et on a fait le petit parcours, toutes les plantes. On a beaucoup parlé de ça elle et moi. A part ça, on a quand même tourné un film. C’était une rencontre géniale. Elle est hyper impressionnante. Je l’avais devant moi et je voyais « Belle de jour », « Le parapluie de Cherbourg », « Le livre de la jungle »… Elle est vraiment impressionnante. Dans le film, on a la chance aussi d’avoir Laurent Stocker, avec qui j’ai déjà fait un film. Il a tourné dans « Ensemble, c’est tout », et a eu un César. Il joue son fils. Il y a aussi Léa Drucker, Elisa Tovati, Vincent Desagnat, plein d’autres acteurs dont les gens ne reconnaitront pas le nom mais qui sont très bien. Ça va être bien.
J’ai entendu dire que vous pensiez également à un nouvel album. C’est quelque chose qui commence à vous trotter dans la tête ?
Oui. En rapport avec ce que je vous ai dit au début de l’interview, j’ai écrit des sketchs sur une rupture et j’ai écrit des chansons aussi là-dessus ! Il y a la partie drôle et la partie plus mélancolique, on va dire. Mais c’est génial, c’est positif. Quand on est artiste, on arrive à se débarrasser des certaines choses. Mais pas uniquement de se débarrasser des choses pour soi-même mais surtout pour les autres. C’est ça qui m’intéresse en fait. J’espère être généreux dans ce qui m’arrive. Me raconter et raconter les autres aussi.
Elie, qu’est-ce qui vous fait rire aujourd’hui ?
Pleurs. Rien du tout. Non, je ne sais pas, les gens, les bouchons, les losers, n’importe qui. Je suis un rapide pour voir les gens. Les mecs qui ne sont pas naturels, ça ça me fait marrer. Les mecs qui prennent des attitudes, qui sont là : « Je connais la vie, qu’est ce que tu crois ? Non, moi ça ne va pas du tout en ce moment ». Je ne sais pas trop comment l’expliquer. Il y a dans mes dernières petites annonces un personnage que j’aimais bien, qui s’appelait Marinette. Marinette, c’est une femme de cinquante ans, qui en parait moins, « ce n’est pas moi qui le dis, c’est mes amis ». « Tout va bien, je suis divorcée, je suis sous antidépresseur. Mais tout va bien. Je me cramponne. ». Et au fond, on voit que pour cette femme, rien ne va. C’est ça qui me fait rire en fait. Le décalage entre les gens qui croient aller bien mais qui ne vont pas bien ou les gens qui croient être intelligents et qui ne le sont pas. Dans mon spectacle, il y a un mec qui dit « ça y est, je suis célibataire, c’est génial ! Le thème de la soirée c’est Fou ! Fou ! Accroche ta ceinture de sécurité Jacky parce que moi c’est parti. Elle me va bien cette veste hein ? C’est elle qui me l’avait offerte». Le décalage entre ces trucs là me fait marrer.
Quand vous regardez la télévision, c’est une énorme source d’inspiration pour vous ?
Je ne regarde plus du tout la télé. Ce n’est pas du snobisme. Franchement, ne me parle même pas de Secret Story et tout ça, je ne regarde pas. Je ne sais pas pourquoi, j’ai complètement décroché de la télé.
Vous avez fait une déclaration qui a déplu à Michel Drucker récemment.Qu’est-ce qui s’est passé ?
D’abord, c’était il y a longtemps. On faisait une émission avec Franck, qui s’appelait « Le grand soir d’Eliane et Francis », c’était un truc pour les petites annonces. Et j’avais dit à l’interviewer du Parisien que ce n’était pas une émission dans laquelle on était assis sur un canapé rouge et on se faisait cirer les pompes par l’animateur. Mais je n’ai même pas cité le nom de Michel Drucker. Je n’ai même pas pensé à lui une seconde donc je ne sais pas pourquoi il s’est vexé. Il s’est reconnu ? Ce n’est pas du tout une mauvaise intention de ma part. J’aime beaucoup Michel Drucker. J’ai fait quelques émissions chez lui. Je suis vraiment confus de l’avoir vexé, c’est ce que je lui ai dit. Je lui ai téléphoné, on s’est vu. Mais c’est tout. C’est une tempête dans un verre d’eau.
Si vous ne regardez pas la télé, est-ce que vous allez souvent surfer sur le net ?
Oui bien sûr, j’ai un MySpace, un Facebook. Donc je m’amuse à discuter avec les gens. Oui, je vais pas mal sur Internet.
Vous avez des sites préférés que vous puissiez conseillés ?
Cul.com, sexealademande.fr… Non, je ne vais que sur Facebook, MySpace et sur ma messagerie. Le reste, quand je dois trouver des plantes, je tape le nom d’une plante. C’est mon seul vice. Internet c’est génial, ça sert à tout, c’est extraordinaire.
Merki Elie.
De rien.
Interview réalisée par Thierry Colby