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· Publié le 15 octobre 2008 à 10h04
Née le 7 avril 1928 à Paris dans une dynastie de gens du spectacle: fille de Louis Seigner (1903-1991), un des plus grands acteurs dans l'histoire de la troupe du Français, elle avait pour nièces les comédienne Mathilde et Emmanuelle Seigner, ainsi que la chanteuse Marie-Amélie Seigner.
Françoise Seigner a voulu très tôt embrasser le métier d'acteur, malgré le peu d'enthousiasme manifesté par son père, qui avait déjà poussé sa mère Marie Cazeaux à renoncer à toute carrière personnelle pour se consacrer à sa famille.
"Tu me fais peur", lui lance Louis Seigner pour couper court à ses projets. Mais Françoise ne renonce pas: admise au Conservatoire dans la classe de Jean Yonnel, elle y obtient un 2e prix de comédie classique et est engagée dès 1953 à la Comédie-Française.
Mais il n'est pas facile d'y être "la fille de Seigner": elle ne reste que trois ans dans la Maison de Molière puis reprend sa liberté, rejoignant Jacques Fabbri dans le secteur privé puis, au Théâtre national populaire, Roger Planchon, qui lui confie le rôle de Dorine dans "Tartuffe" de Molière.
Les rôles de soubrette chez Molière et Regnard (Nicole, qu'elle interprète en compagnie de son père, mais aussi Toinette, Frosine, Nérine, Martine, Dorine), auxquelles elle prête sa nature généreuse et son verbe direct, vont lui coller à la peau, à l'heure de son retour au Français en 1967.
Nommée sociétaire en 1968, elle restera trente ans dans la grande maison, où elle fait rire (la duègne de "Ruy Blas") et peut aussi émouvoir ("Port-Royal" de Montherlant), joue Racine et Corneille, mais aussi Carlo Goldoni, Georges Bernanos, Italo Svevo, Henry James et Nathalie Sarraute.
Françoise Seigner a fait un peu de cinéma ("L'Enfant sauvage" de François Truffaut, "Le jeune marié" de Bernard Stora) et de télévision (notamment dans des dramatiques de qualité), et a signé plusieurs mises en scène, dont une de "L'Etourdi" de Molière avec sa nièce Mathilde.
Mais elle se sera surtout épanouie comme actrice du Français, qu'elle quittera fin 1997 avec une certaine amertume, dénonçant avec son franc parler coutumier le devenir d'une troupe "devenue banale, mise au service d'un théâtre qu'on veut comme les autres".
Françoise Seigner était cependant revenue jouer à la Comédie-Française sous la direction de Jacques Lassalle en 2002, 2003 et 2004 et avait été l'objet d'un "grand portrait" au Vieux-Colombier durant la saison 2007-2008, alors qu'elle publiait de son côté une "biographie affective" de son père (Editions du Rocher).
"C'est un chêne qu'on abat", a estimé mardi l'administrateur général de la Comédie-Française, Muriel Mayette, se faisant l'écho du "grand chagrin" de la troupe. "C'est une grande dame du théâtre qui nous quitte après une vie entière consacrée à la scène", a souligné pour sa part la ministre de la Culture, Christine Albanel.