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· Publié le 17 novembre 2008 à 12h18
Entre théâtre et cinéma. L’adaptation de 1984 de George Orwell proposée par Alan Lyddiard est déroutante. La mise en scène signée François Bourcier nous permet d’entrer dans l’univers oppressant et réaliste qu’Orwell décrivait en 1948.
Pendant que le spectateur s’installe dans la salle, il découvre sur
scène 4 hommes en uniforme, assis, statiques, masque à gaz sur le visage,
effrayants. Un écran géant diffuse en boucle des images d’archives de la 2ème guerre. L’univers orwellien est posé. « Bienvenue dans l’aire de
l’uniformité et de la solitude ». S’attaquer à l’adaptation théâtrale d’une telle référence littéraire
est périlleux. Le texte est dense, l’univers très marqué et complexe. On
retrouve les craintes dénoncées par Orwell. La liberté d’expression et de
pensée n’existe plus. Tout est surveillé, contrôlé, réprimé : Big Brother
is watching you. « Big Brother existe-il comme j'existe ? » « Vous
n'existez pas ». Interrogations, de toute évidence plus que jamais d’actualité.
La mise en scène travaillée et inventive porte à elle seule la pièce. Des écrans géants sont omniprésents sur la scène. Le rythme est donné
par la diffusion d’images et de films réalisés spécialement avec la
participation des comédiens. Ces films permettent l’ellipse dans la narration,
où contextualise le jeu. Les comédiens ont pour habitude de communiquer par télécrans :
Big Brother est réellement partout, tout le temps. Les nouvelles technologies
sont au service du régime. L’intention des films diffusés rappellent parfois le premier long
métrage de George Lucas, lui même inspiré de 1984, « THX 1138 » (en
1971).
« Monter aujourd’hui en France, une version théâtrale de
« 1984 » me paraît d’une cruelle actualité tant dans sa forme que
dans son propos », précise François Bourcier. On notera le jeu de Jean Terensier, cynique et juste dans le rôle d’O’Brien,
incarnant l’incitateur de la liberté puis le tortionnaire du régime totalitaire
exposé. On peut regretter cependant que les comédiens soient équipés de micro.
Du
23 octobre au 23 novembre 2008, du jeudi au samedi à 21 heures,
le dimanche à 16 heures, relâche du lundi au mercredi.
Durée : 1 h40
20 € / 15 €
Adaptation : Alan Lyddiard
Mise
en scène : Alan Lyddiard et François Bourcier, cometteurs en scène
Avec : Cyril Anthony (un citoyen), Alexis Bouchacourt (Syme), Caroline Felices (une
citoyenne), Sébastien Jeannerot (Winston Smith), Florence Nilsson (Julia),
Lionel Pascal (Charrington), Jean Terensier (O’Brien)
Réalisation
filmique : Sébastien Jeannerot
Scénographie : Neil Murray
Musique : Lucien Zerrad