Une des dernières créations en date de William Forsythe pour sa compagnie s'intitule Yes we can't, soit dans une traduction française Oui, nous ne pouvons pas ! De l'ironie certes, mais plus encore une approche définitivement contemporaine de la création et de ses possibles dans le champ de vision toujours plus large de l'Américain installé en Allemagne, entre Francfort et Dresde. À Chaillot, son escale parisienne de prédilection, William Forsythe a déjà démontré l'étendue de son talent protéiforme. De Decreation à Kammer Kammer, à la théâtralité appuyée, de Three Atmospheric Studies, ballet engagé, à One Flat Thing Reproduced, somptueux précis des corps en scène, le chorégraphe le plus influent de ces dernières années n'a cessé de nous surprendre. Et le plus souvent de nous emballer.
The Forsythe Company, une vingtaine de danseurs, a vu le jour dans le sillage du Ballet Frankfurt dissous. De ce vivier d'interprètes et d'artistes chorégraphes en résidence dans ses murs, William Forsythe a fait une force vive. Forsythe, l'enfant du ballet classique qui n'a eu de cesse de déconstruire le vocabulaire académique, le dynamiteur des codes de la représentation, le philosophe du mouvement qui imagine des installations à mi-chemin entre le spectacle et la performance.
Retrouver The Forsythe Company au Trocadéro, c'est un peu prendre des nouvelles d'amis chers. William Forsythe est à la fois un pilier de cette grande famille de la danse et en même temps l'un des plus fervents francs-tireurs du milieu. Ce grand écart permanent, sans jamais se laisser aller à se renier, est devenu la ligne de conduite de William Forsythe. Elle est, à nos yeux, exemplaire.