Du 18 mars au 16 mai 2009, le Guichet Montparnasse présente la pièce " Sade / Nietzsche ", une adaptation théâtrale de deux classiques de la littérature.
Il était temps de rendre à l'œuvre du marquis de Sade la place qu'elle mérite dans la littérature française. Longtemps décriée pour son caractère érotique, elle énonce également des préceptes philosophiques dans une langue très littéraire. Entrée dans la Bibliothèque de la Pléiade en 1990, elle a subi la censure avant d'être réhabilitée très tardivement.
Il n'était donc pas chose facile d'adapter au théâtre La Philosophie dans le boudoir, cette œuvre du marquis racontant l'éducation sexuelle de la jeune Eugénie par la libertine Mme de Saint-Ange, aidée de son frère (le Chevalier), d'un ami de son frère (Dolmancé), et du jardinier (Augustin). Les dialogues originels du marquis étaient assez peu dramaturgiques, Stéphane Russel a eu l'idée d'apporter des passages du Crépuscule des idoles de Nietzsche, afin de les rendre plus vivants et enlevés. Les personnages ne sont d'ailleurs plus les mêmes que chez Sade, l'innocente Eugénie a grandi, s'est affirmée, mais elle veut entendre à nouveau les préceptes de ses maîtres.
Dans une mise en scène assez audacieuse, deux personnages se retrouvent en scène, accompagnés d'un écran vidéo diffusant un film qui dirige le jeux des comédiens. Le rôle de cet écran placé au beau milieu d'une scène de théâtre : dénoncer la " pornographie des images " de notre société. S'il est un peu difficile de rentrer dans cette représentation expérimentale, passée les premières minutes nécessaires pour habituer son oreille à la langue du XVIIIe siècle, les comédiens parviennent à la rendre actuelle. Eugénie (Tanja Czichy, magnétique) devient alors une jeune fille moderne, exaltée, mais terriblement seule avec un héritage philosophique dont elle ne sait que faire. Le Chevalier, joué par le charismatique David Arveiller, est alors là pour la guider dans ses réflexions.
Parler de sexe sans un en montrer une once était un pari que la pièce relève avec talent. L'érotisme qui s'en dégage n'a rien de dérangeant, car il est enrichi des réflexions philosophiques parfois assez extrêmes du marquis, sur la liberté, la république, la religion ou bien les mœurs. La provocation pornographique prend alors une autre dimension.
Avec Tanja Czichy, David Arveiller, Martine Logier et Jean Hache
Mise en scène Emma Barcaroli et Stéphane Russel
Adaptation Stéphane Russel
Du mercredi au samedi à 22h
Tarif : 18 € / réduit 13 €