Avec Fabbrica, Ascanio Celestini entraîne le spectateur dans les rouages de la réalité industrielle et politique de l’Italie du XXe siècle dont l’histoire est avant tout celle des ouvriers : de Fausto, le chef manœuvre qui a perdu une jambe, de son père et de son grand-père qui portent le même prénom, de Paride Pietrasanta, patron de l’usine, d’Assunta, belle comme une Madone et au secret indiscible et de tous ceux qui ont croisé leur destinée.
Entre témoignages, situations extraordinaires, visions magiques et légendes construites jour après jour dans les températures torrides d’un haut fourneau, ce récit hors du commun retrace les grandes étapes de l’usine. Celle de l’origine où les ouvriers étaient forts comme le bronze et hauts comme les géants; celle des ouvriers aristocratiques rendus indispensables à la production jusqu’à être exemptés du service militaire durant la Grande Guerre et tolérés par le régime fasciste malgré leurs idées communistes ou anarchistes; et enfin la période contemporaine avec une usine qui réduit le nombre de ses travailleurs.
Fabbrica possède cette qualité de parler avec légèreté et magie de sujets graves et envoûte le spectateur dans une rafale de mots qui coulent d’un seul trait, entre suspense et souvenir, dévoilant avec humour et amertume la mémoire d’un passé qui nous accompagne au présent, le nôtre, celui des usines en cessation d’activité, des luttes syndicales sans cesse renouvelées et de la recherche d’identité.