Hier au soir, dans la majestueuse enceinte de la Comédie française, nous avons testé pour vous, trois heures de spectacle quasi ininterrompues. Au programme, Un tramway nommé désir. Un choix peu risqué finalement mais dont la durée pourrait en dissuader plus d'un.
D'avantage connue pour ses nombreuses adaptations cinématographiques, la pièce de Tennessee Williams est la première œuvre américaine présentée à la Comédie Française en 330 d'existence. Un risque donc pour cette intitution culturelle mais consenti puisque c'est Lee Breuer qui a été appelé à la mise en scène.
Un tramway nommé désir c'est l'histoire de Blanche DuBois, jeune femme à l'image prude qui joue avec les apparences et tente de convaincre sa sœur Stella et le mari de celle-ci, Stanley Kowalski, de sa pudeur. Comme elle le dit elle-même " Je ne dis pas la vérité, je dis ce que devrait être la vérité. "Venue leur rendre visite après de nombreux déconvenus, elle cache ses mœurs légères derrière sa fraîche candeur. Si Stella se prête au jeu pour ne pas d'avantage ébrécher la fragilité de Blanche, Stanley brute et bourru, ne se laisse pas apprivoiser.
Un décor japonisant, des éléments flottants. Des plateaux viennent s'ajouter ou se retirer en fonction des scènes
subliment la présence des interprètes et apportent une dimension
aérienne. On a une impression de fluidité plaisante. L'espace savamment occupé n'entrave en rien le jeu des comédiens.
Le trio Blanche-Stella-Stanley est d'ailleurs remarquable. Le rapport fraternel qui unit les deux sœurs, la relation amoureuse mais bancale des époux Kowalski et enfin le rapport conflictuel qui lie Stanley à sa belle sœur. Chacun des binômes touche, émeux ou inquiète. La personnalité douce amer de Blanche ajoute à la complexite des rapports. Fragile, elle porte en elle la perte de la demeure familiale qui se révèle finalement n'être qu'une des nombreuses composantes de sa souffrance.
Les personnages sont formidablement interprétés, leurs sentiments nous happent en un instant. On est tantôt subjugué par le charme de Blanche, indigné contre la violence de Stanley ou attendri par la bienveillance maternelle de Stella. Les minutes passent et le spectateur est pris au piège par l'intrigue, il espère, il s'insurge et il comprend petit à petit le pourquoi du comment et en aime d'avantage la douce folie de Blanche. Les trois heures sont vite passées face à ces vies bientôt complètement bouleversées...
© Cosimo Mirco
Magliocca