Vous avez été nombreux à participer au tirage au sort afin de gagner des places pour les Liaisons Dangereuses de la Compagnie Bob et Aglae au Théâtre de l'Opprimé. Nous aussi, nous avons eu la chance d'assister à une de ces quatre représentations, et nous aussi, nous avons été emballés.
Emballés tout d'abord par cet indémodable récit, ce roman épistolaire qui a su traverser les âges avec toute la grâce qu'on lui connaît. Retranscrire un échange épistolaire sur une scène, on le sait, n'est pas chose facile. Joel Cote l'a fait, et avec brio.
Durant la pièce, on retrouve tous ces instants clés qui rendent le Roman de Choderlos de Laclos indétrônable dans sa catégorie, et qui procurent à celui qui le lit, un souvenir impérissable. A en croire l'opinion publique, il semblerait d'ailleur,s que ce souvenir soit bon, voire, très bon.
La compagnie le savait, et s'attaquer au monstre qu'est Les Liaisons Dangereuses était risqué. Ou plutôt, c'était un défit. Qu'elle a su relever. Cette toute jeune troupe s'est revélée sous un jour qu'elle n'avait pas divulguée lors de leur précédente pièce, Oncla Vania de Tchekhov.
Le jeu était uniforme, soutenu, et poignant. On ressent cette tension perpetuelle présente dans le livre, on savoure la cruauté d'une Marquise de Merteuil épatante de diablerie et de beauté. La petite Cécile émerveille dans sa transformation en parfaite libertine. Et le Vicomte de Valmont, derrière ses deux visages, emportent avec lui le spectateur dans ses jeux et ses tourments. Avec son pantalon noir et sa chemise blanche, Regis Forgues ne serait d'ailleurs pas sans rappeller un certain Chuck Bass, le libertin moderne, dans sa perfection.
Chapeau bas devant la mythique scène de rupture entre Valmont et Tourvelle, ou la scène du "Ce n'est pas ma faute", palpitante et déchirante.
Seul petit bémol, on reste un peu déçu devant la simplicité des costumes, et principalement ceux des femmes, que nous aurions imaginés plus travaillés, et plus affriolants.
Mais ce détail ne saurait tarir au succès. Le public est saisi, les "Bravo" pleuvent. C'est un triomphe. Et qu'une chose à dire : Encore !