Comme bon nombre de parisiens, nous aussi, nous avons flanché sous la tension de l’Hair. Trop de pression, y succomber était devenue une nécessité. Récit d’un petit moment de paix dans ce monde de brutes.
Dans toute pièce digne de ce nom présentée dans un de ces
vieux théâtres aux fauteuils rouges, il y a un rideau, ou du moins, une scène
vide et calme, avant la tempête provoquée par la pièce. Hair clame déjà, avant
même que l’intégralité des spectateurs soit arrivée, que son show, sera
différent. En effet, sur scène comme dans la corbeille, c’est un allé/retour de
hippies, jonglant dans les rangées, offrant des free hugs a qui les accepte,
embrassant même parfois certains spectateurs tout juste assis. Le Palace ce
soir, se transforme en cour des miracles, comme on se l’imagine. Sur la scène,
les comédiens se font maquiller, discutent, se chamaillent, se font des câlins,
fument leur clope. Welcome to San Francisco. A elle seule, la troupe d’Hair est
aussi chauffeuse de salle. Entre les « bonsoiiiiir ! », les « vous
n’avez pas vu mon pote Ronny ? » ou « qui n’a pas fait l’amour
aujourd’hui ? », le spectateur sait d’ores et déjà, qu’il est là pour
voir du show, du vrai. Quand finalement, la troupe nous demande si tout le
monde est arrivé, ils se décident à commencer, la musique démarre, et les
lumières s’éteignent.
Au cours du spectacle étincelant de couleurs et de
fraicheur, tous les codes du traditionnel hippie sont respectés : l’amour/le sexe
à deux, trois, à plusieurs, la frénésie
quotidienne, la lutte ininterrompue contre toutes formes de guerres, la défonce
à coup de bang, de haschisch et de pilules du bonheur… Dans le monde de Hair,
la vie est simple, belle, et tomber enceinte d’un homme qui n’est pas
exclusivement le sien ne semble pas poser de problème.
Avec élégance et légèreté, la troupe réussit avec brio à
faire vibrer le spectateur, à le transporter dans un monde de fleurs et de
jeans frangés. « Let the sunshine
in », chanson phare de la comédie musicale légendaire, sonne ici comme un
véritable hymne à la liberté, qui nous touche droit au cœur, notre cœur de
rockeur spectateur attentif. Soutenue par des costumes ravissants et éclatants, on est
charmé par cette bande de joyeux copains, dont on aimerait tous faire partie. Et à en croire le public debout, je ne dois pas être la seule à le vouloir.