Au Théâtre Le Bout, un de ces charmants petits théâtres de Pigalle où les pierres gardent au frais le spectateur, se tient du 1er juillet au 2 septembre la comédie musicale Maison Close produite par Leah Marciano et écrite et mise en scène par Olivier Schmidt.
Cette petite pièce sans prétention possède tous les atouts pour faire passer à celui qui vient la voir un bon moment : des acteurs jeunes et beaux, et un thème alléchant qui fait trembler le moindre producteur de télévision. Non, vous n’êtes pas passés à côté de l’engouement soudain pour les maisons closes, lancé notamment par la série évènement de Canal + l’année dernière. Sujet récurent donc, et qui peut s’avérer être un succès populaire s’il est bien traité, mais qui peut aussi se transformer en catastrophe (légère, entendons-nous), s’il est bâclé.
Maison Close est dans ce deuxième cas. En effet, tout ça nous semble légèrement familier, comme un air de déjà vu. A mi-chemin entre Moulin Rouge, Cabaret et Mozart l’Opéra Rock, la troupe n’est pas ce qu’on peut appeler innovante. On aurait aimé du fougueux, de la passion, du sensuel. Peut-être plus de décors tet de costumes travaillés (pardonnés par la petite salle, et les petits moyens d'une troupe débutante) et aussi, plus de détails sur l’époque, quelle qu’elle soit, afin d’aider notre imagination à travailler. Les faits sont ici balancés de manière grossière et rapide. On aurait imaginé un Paris du début du XXème siècle, où les riches marchands viennent s’encanailler avec les divines créatures des bas fonds. Quitte à faire dans le cliché, autant le faire correctement.
Maison Close manque d’originalité, de créativité, de coffre et de surprise. S’il est évident que chaque chanteur possède de vraies qualités vocales, on ne peut s’empêcher de penser qu’une certaine technique n’est rien sans une émotion à faire passer. La pièce est présentée à la va-vite, et se termine comme elle avait commencée : de manière bâclée et… prévisible. La jolie prostituée amoureuse d’un client finit par s’en aller loin de la misère de la Maison Close avait celui qui l’aime depuis le début… Classique. Basique. (Tragique ?).
Alors oui, le spectacle est agréable, les chanteurs ont une belle voix (notamment Faustine Pont, la seule à pouvoir véritablement nous émouvoir), les filles sont jolies… Mais pourquoi tomber dans les stéréotypes déjà si souvent repris, et qui n’ont, soit dit en passant, jamais transcendés les foules par leur talent ? A l’heure où le théâtre contemporain sonne comme la cloche de la nouveauté, pourquoi se contenter d’un Kamel Ouali revisité ?