Exit les prémisses de la passion mortelle entre Roméo et Juliette, dans cet Opéra il est plus question de politique et de pouvoir. On n'assiste pas à la rencontre de Roméo et de Juliette : quand le rideau se lève, ils sont déjà amoureux l’un de l’autre, on ne saura pas comment est né leur amour. Le spectacle se focalise sur les sentiments brisés des deux amants au profit d’une guerre de clan.
S’inspirant du drame Shakespearien, le livret de
Romani met surtout l’accent sur les forces extérieures qui vont briser le
couple, faisant de l'opéra une machine à broyer les sentiments humains. Les personnages
de Mercutio et de Paris sont supprimés. Roméo n’est pas seulement un adolescent
amoureux mais un chef de guerre : il représente d’ailleurs à lui seul le clan
des Montaigus.
Un décor dépouillé et austère
sert de huis-clos à l’histoire des partis politiques et de la passion amoureuse: un espace unique que hante la mort, de grands murs mobiles, pourpres, qui se
déploient en étau, que ronge la nuit, un lieu déshumanisé, cauchemardesque,
sépulcral, en rouge et noir. Les Capulets sont rouges, les Montaigus sont noirs. Au milieu du tourbillon de violence, Juliette, la seule à être vêtue de
blanc, se débat dans son extrême solitude, à la limite de la folie, brisée,
déchirée entre son amour et son devoir.
Opéra en deux actes (1830)
Livret de Felice Romani
En langue italienne
Direction musicale Evelino Pidò
Mise en scène Robert Carsen
Décors et costumes Michael Levine
Lumières Davy Cunningham
Chef des Chœurs Alessandro Di Stefano
Capellio Giovanni Battista Parodi
Giulietta Anna Netrebko / Patrizia Ciofi (31 mai, 11 et 15 juin)
Romeo Joyce DiDonato
Tebaldo Matthew Polenzani
Lorenzo Mikhail Petrenko
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris