Coronavirus : vous avez la parole, Christophe Mali de Tryo

Par Caroline de Sortiraparis · Publié le 10 avril 2020 à 8h37
En raison de l'épidémie de Coronavirus, Sortiraparis vous propose de découvrir les témoignages de personnes directement impactées par cette crise sanitaire. Personnel soignant, personnel éducatif, artistes, restaurateurs, commerçants, acteurs sociaux... Vous avez la parole ! Aujourd'hui, Christophe Mali, chanteur du groupe Tryo, répond à nos questions.

Dans le contexte actuel de pandémie de coronavirus, la rédaction de Sortiraparis est sur le pied de guerre pour vous tenir informé de l’évolution de la situation en vous proposant des témoignages de personnes en première ligne et/où impactées par la crise sanitaire d’envergure que nous traversons actuellement. Personnel soignant, personnel éducatif, artistes, restaurateurs, commerçants, acteurs sociaux... Nous leur donnons la parole pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de cette situation. 

Aujourd'hui, Christophe Mali, célèbre chanteur du groupe Tryo, a accepté de répondre à nos questions autour de cette crise sanitaire, du confinement et du report de leur concert, initialement prévu le 13 mars à l'AccorHotels Arena de Paris. 

Comment avez-vous vécu le début de cette crise sanitaire et comment vivez aujourd'hui ce confinement ?

Le début de la crise a été très difficile pour nous. Avec Tryo, on devait jouer le 13 mars à Bercy pour une date anniversaire. Pour l’occasion, on avait prévu énormément d’invités sur scène avec nous, comme Matthieu Chedid et Véronique Sanson. On avait fait toute une semaine de répétitions pour que le spectacle soit parfait. On a appris le report du concert un vendredi. Par rapport à Tryo et à cette date anniversaire, on a ressenti beaucoup de frustration. Maintenant que nous sommes en confinement, on le respecte totalement. Nous sommes aussi dans l’attente. Dans l’attente des nouveaux cas, dans l’attente de savoir comment ce virus va se développer en France. Pour le moment, c’est un sentiment tragique mêlé à beaucoup d’angoisse pour ces personnes qui sont sur la sellette et pour le personnel hospitalier aussi.

Comment vous occupez-vous à la maison ? Faites-vous des choses que vous n’auriez pas fait en temps normal ?

Jouer le maître d’école, je ne l’aurais pas fait en temps normal (rires). J’ai deux enfants à la maison, une petite fille de 2 ans et un garçon de 9 ans. Le but est de continuer le travail de l’école parce que cette crise va durer. S’occuper des enfants prend énormément de temps donc on a aussi sorti les jeux de Sudoku, les Scoubidous… beaucoup de choses pour les occuper et attiser leur curiosité également. On a aussi beaucoup de discussions, sur les raisons pour lesquelles on en est là, sur le virus, la quarantaine.... C’est tout de même historique ce que nous vivons en ce moment.

Malgré l’annulation de votre concert à l’AccorHotels Arena, vous avez joué un set acoustique de 45 minutes dans une salle de Bercy vide, qu’avez-vous ressenti ?

Enormément d’émotion. On savait que des gens venaient de province pour nous voir et assister à ce concert. Pour tous ces gens-là et le public, on avait vraiment envie de marquer le coup. Ce set acoustique dans un Bercy vide était aussi une façon de se dire que, malgré le confinement et les dates annulées, il faut continuer à vendre du rêve et à faire de la musique. Heureusement, le concert a été reporté au 5 juin. On espère vraiment pouvoir jouer ce jour-là.

Vous avez lancé un apéro confinement sur Facebook, tous les vendredis à 18h, c’est quoi l’idée ?

L’idée est de garder un peu d’espoir et d’apporter du sourire aux gens en cette période de confinement. On a essayé de faire un live par internet avec des logiciels, puisque chaque membre de Tryo est chez lui, mais on n’a pas réussi. On s’est quand même dit qu’on allait se retrouver par écran interposé et essayer de répondre aux questions des internautes. C’est une façon de réinventer quelque chose et c’est aussi un peu notre télétravail à nous.

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle et la France ? Y a-t-il des réflexions qui pourraient émerger de cette crise sanitaire, selon vous ?

C’est vrai qu’on était assez énervé quand on a vu ces parisiens profiter des rayons du soleil alors que les morts commençaient à s’accumuler dans les hôpitaux. Ca en appelle au sens civique de chacun. On peut également réfléchir sur le rôle de l’Etat qui est aussi là pour protéger ses citoyens, les êtres humains que nous sommes. Pour l’instant, je pense que l’Etat joue bien son rôle. Après, on est encore dans l’attente. On peut aussi se poser des questions par rapport au milieu hospitalier. Même si on a un système de santé qui est très valable en France, il manque énormément de moyens. Les infirmières étaient d’ailleurs dans la rue ces derniers mois. Aujourd’hui, il y a peut-être une réflexion à avoir à ce sujet et se demander quel système de santé on veut pour faire face à ces immenses imprévus tragiques.

Quels messages souhaitez-vous faire passer aux français ?

Il faut garder l’espoir, garder la foi, s’amuser, profiter de ses parents, et ne pas s’énerver. C’est vrai que c’est assez difficile parce que le confinement veut aussi dire se retrouver non stop ensemble, sans pouvoir sortir. C’est aussi revenir à des choses essentielles, comme la lecture ou encore la discussion. Il faut essayer d’occuper nos enfants, les faire rêver et continuer la vie aussi. La plus heureuse dans tout ça, c’est ma fille de 2 ans qui est absolument ravie de pouvoir être avec son papa et sa maman dans la maison sans pouvoir sortir. Je pense que cette innocence des enfants nous donne du courage et la force d’avancer et de vivre la difficulté de ce confinement.

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