L’édition 2022 du Sama’rock aurait dû être celle des retrouvailles après deux éditions perturbées par le covid-19. Malheureusement, la météo capricieuse s’en est mêlée, empêchant le festival de Pagan Folk Metal de se dérouler comme prévu le samedi 4 juin et d’accueillir dans le parc de Samara les groupes Korpiklaani, Tyr et Hrafngrimr.
Après trois ans d’attente, Sama’rock n’a donc eu le droit qu’a une seule et unique journée pour combler les yeux et les oreilles des amateurs de Pagan Folk Metal. Et cette journée du dimanche 5 juin avait plutôt mal commencé, avec une ouverture du site retardée et des problèmes de réseau et d’imprimante du côté de la billetterie sur place.
Mais Sama’rock a su se faire pardonner au fil des heures grâce tout d’abord à son cadre unique. C’est en effet dans le parc de Samara, un parc naturel et archéologique consacré à la Préhistoire et à la période gallo-romaine, que le Sama’rock prend place. Un lieu idéal et enchanteresse pour accueillir les amateurs de Pagan Folk Metal. Pour les moins connaisseurs, on rappelle que ce style musical se distingue par l’utilisation d’instruments anciens et une présence importante du chant.
En déambulant sur le site de ce très agréable festival à taille humaine, et notamment sur le petit marché médiéval, on découvre rapidement les objets et surtout les vêtements indispensables à tout bon fan de Pagan folk metal qui se mérite, à savoir une peau de bête ou une cape sur les épaules, des chaussures médiévales en cuir aux pieds sans oublier la fameuse et incontournable corne, à la main ou accrochée à sa ceinture, histoire de siroter sa cervoise comme un véritable Gaulois. Un style vestimentaire qui contribue indéniablement à l’ambiance si unique, festive et bon enfant du festival picard.
Et le public était impatient de découvrir, sur l’unique scène du festival, les 4 groupes présents ce dimanche 5 juin 2022, à commencer par Corvus Corax. En selle depuis 1989, ce groupe allemand de rock néo-médiéval n’a pas mis longtemps à faire danser les festivaliers grâce à ses morceaux entraînants et festifs où les instruments traditionnels, comme la cornemuse, la flûte, ou encore le tambour, sont mis à l’honneur. Bien sûr, les costumes portés par les 6 membres de Corvus Corax contribuent au show réussi de la formation. Torse nu pour certains, en kilt pour d’autres... la scénographie était parfaitement maîtrisée et en harmonie avec l’esprit néofolk de Sama’rock.
Autre ambiance, autre style avec Nytt Land (initialement prévu le 4 juin, mais reporté au dimanche suite aux intempéries). Originaire de Sibérie, le duo nous a offert un magnifique et envoûtant voyage dans la taïga profonde. Mariés dans la vie, « Baba Yaga » de son vrai nom Natasha Pakhalenko, et « Shaman » aka Anatoly Pakhalenko, se distinguent grâce à leur folk tribale et sombre inspirée de la nature sibérienne et des rythmes chamaniques.
Sur scène, Natasha a hypnotisé la foule avec son regard très noir et ses longues et fines dreadlocks. Frappant sans cesse sur son tambour, comme pour invoquer les esprits, l’artiste a ensorcelé le public avec son puissant chant de gorge et sa voix magique à vous plonger dans une transe profonde. De son côté, Anatoly est resté assis, mais n’en restait pas moins charismatique. Pratiquant lui aussi le chant de gorge, l’artiste joue également de la talharpa, une lyre à quatre cordes ; un instrument qui n'a fait qu’accentuer les puissantes vibrations ressenties jusqu’au bout des ongles.
Puis c’est au tour du groupe français Skáld de monter sur scène sous un tonnerre d’applaudissements. Visiblement très attendue par le public de Sama’rock, la formation tricolore néofolk réservait une surprise aux festivaliers, et pas des moindres puisque c’est une nouvelle chanteuse qui a investi la scène de Sama’rock ce dimanche 5 juin. Jusqu’alors, c’était la chanteuse Justine Galmiche qui officiait au sein du groupe. Et la nouvelle artiste s'en est très bien sorti pour une première, interprétant les morceaux de Skáld avec brio. Pourtant la tâche n’a pas dû être simple, puisqu’on rappelle que Skáld chante principalement en vieux norrois ; une langue parlée dans le nord de l'Europe. Pour le reste, les 4 autres musiciens ont fait le show, à commencer par l’excellent Marti Ilmar Uibo aux percussions ! Et les festivaliers s’en sont donnés à cœur joie, avec en point d’orgue un slam et un petit circle pit.
Enfin, cette édition 2022 de Sama’rock avait choisi de convier la talentueuse Danoise Myrkur pour clôturer cette journée de dimanche. Depuis 2014, Amalie Bruun, la musicienne et chanteuse qui se cache derrière le projet musical Myrkur, s’illustre dans le black métal. Mais depuis 2020 et la publication de l’excellent "Folkesange", l’artiste a opéré un virage en se tournant vers la folk sombre. Entourée sur scène d’une violoncelliste, d’un violoniste et de deux choristes, Myrkur a littéralement envoûté et charmé le public de Sama’rock avec sa voix haut perchée et ses compositions néofolk très travaillées, dont les sublimes morceaux « Gammelkäring », « House Carpenter » ou encore « Ella ».
Cerise sur le gâteau, Myrkur est revenue pour un rappel, interprétant le somptueux « Crown », extrait de l’opus "Mareridt", dans une sublime version. D'incroyables balades qui ont poussé certains festivaliers à se déchausser pour réaliser quelques pas de danse très maîtrisés dans la boue.
Au piano, à la guitare ou encore jouant de la nyckelharpa, Amalie a réussi à transporter le public loin, très loin, dans de belles et réconfortantes contrées nordiques où nous serions bien restés plus longtemps.
Lieu
Samara Parc Archéologique
Rue d'Amiens
80310 Chaussee Tirancourt (La)
Site officiel
www.samara.fr