Après avoir "mis le feu" à Bercy pendant quelques dates, NTM, le groupe phare du rap français remet le couvert le 19 juin prochain dans une enceinte à la mesure de leur talent : le Parc des Princes. Et, franchement, s'ils avaient pu faire le Stade de France, croyez-moi, ils l'auraient fait... À l'occasion de cet évènement incontournable sur la planète musique, SAP les a rencontré tous les deux pour une interview exclusive... Pas de doute, ils sont encore là!
Joey, 2010 est une année chargée pour toi entre le film,
la nomination aux Césars, un album très bientôt et le concert au Parc des
Princes. Qu'est ce qui te fait le plus délirer ?
Moi ce qui me fait « triper » c'est la musique en
général. Au cinéma, j'arrive, je suis un débutant, j'en suis a palper des
petites sensations du bout des doigts. Le plus important, c'est la musique,
c'est mon premier amour, mon premier travail.
C'était une suite logique de faire le Parc après
Bercy ?
Joey Starr : Je
ne sais pas si c'était une suite logique, car c'est toujours compliqué de faire
des concerts quand on n'a pas d'album qui sort. En tout cas c'est kiffant, car
le live, on adore ça, c'est notre raison d'être. La scène c'est un moteur.
Le message du concert, c'est quoi ? On est encore là
et on sera toujours là ?
Kool Shen : Oui
un peu, mais j'ai envie de dire que c'est surtout un remerciement pour nos
fans. Et puis c'est surtout la confirmation qu'on est des indécrottables !
"NTM
mourra le jour ou on sera devenu trop vieux pour monter sur scène."
Ca veut dire qu'NTM ne mourra jamais ?
Joey Starr : Forcément si, mais ça mourra avec nous... C'est un très grand plaisir de laisser
une trace quelque part. Même avec le temps, NTM reste une célébration pour
nous. Et puis je t'avoue qu'à chaque fois qu'on est sur scène, on se la joue
comme si c'était la dernière. Alors on envoie tout ce qu'on a.
Kool Shen : NTM
mourra le jour ou on sera devenu trop vieux pour monter sur scène.
Y'a t'il des moments de grâce dans un concert ?
Kool Shen : Bien sûr, c'est ça qui est jouissif sur scène. Comme dit un grand philosophe
nommé Joey Starr : « Parfois, dans un concert, on palpe
l'infini » (rires) !
Joey Starr : Ce
qui est magique c'est que ces moments de grâce sont différents à chaque
concert. Il y a des moments de synergie entre nous, en un regard, on se
transmet une adrénaline indescriptible.
Si je vous dis qu'NTM est le meilleur groupe
« Live » en France, vous me dites quoi ?
Joey Starr : je
te dis oui, sans hésitation. Et je rajouterais même qu'on est le meilleur
groupe « Live », toutes musiques confondues.
Qu'est ce qui fait que vous êtes les meilleurs sur
scène ?
Kool Shen : C'est notre amour de la musique avant tout qui fait qu'on est bon sur scène.
Pour nous, l'attrait premier c'est la performance. Quand on dansait, on se
jetait dans l'arène sans réfléchir, on était là pour le clash. D'ailleurs on
était un peu les « casses-couilles » du Hip Hop, on venait à deux
pour gifler les autres.
Joey Starr : C'est parce qu'on est décomplexé, et qu'on a toujours fait de la musique dans
le but de faire du live. On vient de la danse, du graffiti et toutes ces
disciplines ne valent que par le live. Et puis, entre nous, on n'acceptera
jamais d'être les seconds.
Vous dites souvent qu'NTM est né sur scène... Mourra t'il
sur scène ?
Kool Shen : (rires) Franchement, j'espère pas... J'espère qu'on mourra tranquillement après
une longue retraite bien méritée ! Mais c'est possible de
« caner » sur scène, parce qu'on va a dix milles à l'heure et on fait
pas assez de cardio avant de monter.
Joey Starr : Moi je finis sur les genoux, la langue pendante. Mais ça doit être l'âge aussi
(rires)...
À quoi doit-on s'attendre au Parc ?
Kool Shen : Forcément il y aura plein de trucs nouveaux. Après réflexion, on s'est rendu
compte que le tracklisting de Bercy était optimum, alors il n'y a aucune raison
qu'on chamboule tout. Le grand « kif » sur le Parc c'est qu'on a
des musiciens exceptionnels, donc on va faire 5 ou 6 morceaux en plus avec eux
par rapport aux platines.
Pourquoi le Parc des Princes et pas le Stade de
France ?
Kool Shen : Parce que le Stade de France était pris en juin, par ACDC et Indochine. Et
puis, le Parc a une acoustique assez exceptionnelle. Mais bon, je ne te cache
pas qu'un jour, on fera peut-être le Stade de France.
Joey Starr : Faut pas dire Indochine, juste ACDC. Indochine c'est mouais...
Je crois savoir que vous reprenez la route des festivals
cet été...
Joey Starr : Oui madame la marchande ! Le kif c'est de se dire qu'on a rien foutu
depuis dix piges avec NTM, pas de disques, rien et que l'engouement à travers
la France est toujours là.
Kool Shen : On
est juste super frustré de n'en faire que 15 !
Et un nouvel album d'NTM... C'est trop tôt pour en
parler ?
Joey Starr : Je
t'avoue que pour l'instant on est concentré sur nous. Bruno vient d'en sortir
un, moi je vais en sortir un bientôt, donc il faut réfléchir, qu'on se pose et
qu'on voit ce qu'il est possible de faire. Ce qui est sûr c'est qu'on a
toujours envie de faire de la musique.
Kool Shen : Si
c'était juste au chèque, on serait déjà en studio (rires).
"On est en décalage avec la société d'aujourd'hui..."
Vous vous sentez comment tous les deux dans la société
d'aujourd'hui ?
Kool Shen : Pas
très en phase.... Je dirais même que je suis en décalage. Les valeurs que
j'avais dans la tête quand j'étais jeune, la solidarité, l'accueil, je ne les
retrouve pas aujourd'hui. Je pensais qu'on était dans un pays dans lequel on ne
laissait pas les gens traîner dans la rue. Enfin c'est ce qu'a dit
«l'autre » (ndrl : Nicolas Sarkozy) quand il est arrivé.
Joey Starr : Le
mec, il méprise le peuple. Quand tu l'entends dire que les manifs, il ne les
entend plus, c'est une honte. C'était lisible avant son élection que le gars
était comme ça. Et aujourd'hui, si les gens sont violents à son égard c'est
bien pour quelque chose.
Vous seriez ou aujourd'hui sans NTM ?
Joey Starr : C'est trop dur de répondre à ça... Je serais entrain de faire du vélo cet
après-midi parce qu'il fait beau.
Kool Shen : Ou
alors on serait dans la manif qu'il y a dehors avec un autocollant CGT sur le
front en gueulant qu'on n'est pas assez payé (rires) !
Propos recueillis par Chris Lebédyk
Crédit photos : © Richard Aujard