Alors que la canicule frappe Paris depuis plusieurs jours, un vent de fraîcheur a soufflé sur la salle de l’Accor Arena ce vendredi 8 septembre 2023. Ce vent, revigorant et plus qu’agréable, nous est venu tout droit d’Islande avec l’une des artistes nordiques les plus douées et les plus célèbres au monde. Voilà déjà 30 ans que Björk a chamboulé le milieu musical, en proposant un son nouveau et unique ainsi que des tubes à nous faire pleurer et danser, le tout porté par une voix reconnaissable parmi mille.
Björk, ce n’est pas seulement une chanteuse connue aux quatre coins du globe, c’est aussi une artiste complète, à la fois musicienne, auteure, compositrice, interprète, productrice et actrice, remarquable dans le film de Lars von Trier, "Dancer in the Dark" (2000). Avec ce besoin et cette envie de créer en permanence, Björk a également ce don incroyable pour proposer des concerts et spectacles à couper le souffle où la musique, la scénographie et les costumes forment un tout, incroyablement harmonieux et jouissif.
C’est justement ce que nous avons vécu ce vendredi 8 septembre à l’Accor Arena de Paris à l’occasion du très ambitieux, mais ô combien réussi, spectacle "Cornucopia". Pour la petite histoire, la tournée "Cornucopia" a débuté en 2019 à New York, suite à la sortie de l’album "Utopia" en 2017. Pour la nouvelle tournée "Cornucopia", le show original qui couvre l’ensemble du répertoire musical de Björk, a donc été retravaillé afin d’intégrer plusieurs titres et l'univers de son dernier album "Fossora".
Alors, au final, ça donne quoi ce nouveau show de Björk ? Ensorcelant, puissant, beau, féerique, profondément poétique, avant-gardiste... le spectacle "Cornucopia" présenté ce 8 septembre à l’Accor Arena de Paris nous a littéralement subjugués. Mention spéciale pour l’incroyable mise en scène imaginée par Björk elle-même et par la réalisatrice argentine Lucrecia Martel. La scène, ressemblant à un champignon et conçue par Chiara Stephenson, y est aussi pour beaucoup.
Il y a ensuite les costumes toujours aussi innovants et somptueux, les chorégraphies des flûtistes et les visuels digitaux (pas toujours synchronisés toutefois avec la musique) projetés en fond de scène, mais également sur un voile transparent et deux rideaux frangés qui s’ouvriront et se fermeront tout au long du set.
On n’oublie pas les talentueux artistes qui accompagnent Björk sur cette tournée, dont le percussionniste Manu Delago (incroyable sur le morceau « Blissing Me » lorsqu’il se met à jouer avec l’eau donnant lieu à un très bel arrangement), le directeur musical Bergur Þórisson, la harpiste Katie Buckley et l’ensemble Viibra composé donc de 7 flûtistes. Le tout donne naissance à un show totalement fou et novateur, où Björk nous embarque rapidement dans son univers décalé, mêlant futurisme et nature.
La nature est d’ailleurs omniprésente dans ce spectacle. L’artiste islandaise n’hésite pas à afficher son engagement en matière de lutte contre le réchauffement climatique en projetant sur l’un des rideaux frangés un message militant, puis en diffusant un peu plus tard une vidéo de Greta Thunberg. Seul bémol, la vidéo n’est pas vraiment récente, puisque l’activiste suédoise explique avoir 16 ans au moment du tournage alors qu’elle en a 20 aujourd’hui. Mais qu’importe, la magie opère. De son côté, Björk semble ravie d’être de retour à Paris et se rapprochera d'ailleurs à plusieurs reprises de ses fans en rejoignant la petite avancée de scène. L’artiste islandaise s’amuse et danse également, allant même jusqu’à faire le signe des cornes sur l’entraînant « Notget » joué en guise de rappel.
Comme toujours ces dernières années, Björk mise sur une incroyable garde-robe et dissimule son visage derrière de sublimes masques sculptés. Ce soir-là à Paris, l’artiste a dévoilé deux tenues : l’une moulante, recouvrant l’ensemble de son corps et arborant l’anthurium à fleurs blanches, puis une autre, blanche celle-ci, sublimée par une flopée de feuilles suspendues.
Malgré sa petite taille, Björk accapare toute l’attention. Il faut dire que l’artiste a du coffre et réussit encore, à 57 ans et malgré une opération des cordes vocales en 2012, d’incroyables prouesses techniques. On frissonne lorsqu'elle interprète « Show Me Forgiveness » dans sa chambre de réverbération futuriste, on exulte quand retentissent les premières notes de « Isobel », on s’émeut sur le sublime « Victimhood » et on secoue frénétiquement la tête sur « Fossora ». Parce que "Cornucopia" se veut être un spectacle tant sonore que visuel, chaque chanson est ainsi conçue comme un tableau unique minutieusement mis en scène.
Au final, on ressort de ce mémorable show de Björk d'une durée de 1h30 environ, avec cette sensation d’avoir vécu un moment musical unique, avant-gardiste et créatif, comme il ne se fait que très rarement ces dernières années. Petite déception toutefois côté setlist. On aurait bien aimé entendre quelques morceaux extraits de l’emblématique "Homogenic" ou du plus discret, mais ô combien réussi, "Biophilia".
Après Paris, Björk prévoit de continuer sa tournée européenne avec deux autres dates en France, le 2 décembre à Nantes puis le 5 décembre à Bordeaux.
Rappel
Lieu
Accor Arena
8 Boulevard de Bercy
75012 Paris 12
Accès
Métro ligne 6 ou 14 station "Bercy"
Site officiel
www.accorhotelsarena.com