Report : Why ? au café de la danse, rendez-vous manqué

Par · Publié le 31 octobre 2011 à 10h21
Les américains du groupe d'Abstract Hip-Hop Why ? étaient de retour hier pour un set acoustique au Café de la Danse.
Hier soir, on se pressait au Café de la danse, pour voir Why?, groupe phare du label indépendant Anticon, et dignes représentants d'un mélange habile entre hip-hop, pop et rock. Le trio californien, qui existe sous différentes formes depuis 1997, est habitué aux scènes parisiennes. Ils y reviennent une ou deux fois par an, pour retrouver leur public français. Depuis le succès de leur album Alopecia, ils jouent devant des salles toujours combles et enthousiastes.

Pour les précéder, une première partie plus que bien choisie. Serengeti, artiste issu de la scène hip-hop de Chicago, offrait au public un set acoustique, accompagné par l'un des membres de Why ?. Réarrangées dans des versions inédites piano / boîte à rythme, les morceaux de Serengeti ont particulièrement ébloui le public parisien. Signé sur le même label que Why ?, le rappeur s'est vraiment illustré pendant ses 25 petites minutes de show avec ses paroles percutantes et son humour.

Le concert de Why ? ce soir-là avait pour particularité d'être complètement acoustique. Piano, basse, batterie. Et une nouvelle membre, Liz Wolf, qui venait pour la première fois s'ajouter au trio de toujours : Yoni Wolf (chant), Josiah Wolf (batterie/basse) et Doug McDiarmid (piano). On était en droit de s'attendre à la reprise d'anciens morceaux dans de nouvelles versions, sorte de clause implicite des sets acoustiques. Dès le deuxième titre, on comprend bien vite que le programme va être tout autre. Il s'agit en fait d'une présentation des extraits du nouvel album et on navigue donc en terre inconnue, plutôt déroutant pour un set live. Exit donc l'espoir de découvrir des versions inédites de morceaux d'Elephant Eyelash, ou d'Oaklandazulasylum. Alopecia sera tout juste effleuré avec les reprises de « The Vowels Pt. 2 », « These Few Presidents », « Brook & Waxing » et « The Hollow », qui ne manquent pas de déchaîner le public. Ils revisitent très rapidement leur récent album Eskimo Snow avec de jolies versions simplifiées et sans trop de prises de risques de « January Twenty Something » et « One Rose ».

Le but de la démarche est donc de faire découvrir les directions que vont prendre le groupe dans un futur proche. Terminé les élucubrations très pop de Eskimo Snow, les nouvelles compositions reprennent les bonnes bases du groupe : flow retenu et maîtrisé de Yoni, paroles cyniques et drôles, arrangements épurés. On y retrouve des ingrédients des précédents disques, et certains morceaux retiennent vraiment l'attention particulière du public, prêt à s'acclimater à ces nouveaux amis catchy.

Mais on ne peut pas s'empêcher de se questionner sur la démarche. On se prend à songer que les anciens morceaux nous manquent, et le concert est comme un rendez-vous manqué avec de vieux amis. On a beau être prêts à accueillir le nouvel opus à bras ouverts, on a beau savoir qu'on l'écoutera inlassablement dans le métro et qu'on l'aimera à sa juste valeur, il n'empêche, nous nous n'étions pas encore prêts à nous séparer des titres qui ont déjà laissé des empreintes dans nos vies. Le show au Café de la danse était tout de même l'occasion de présenter Liz Wolf, nouvelle membre du groupe, multi-instrumentiste et femme du batteur Josiah, qui venait poser discrètement sa voix sur certains morceaux.

L'intérêt de présenter de nouvelles chansons en acoustique reste relativement limité. Dans l'impossibilité de voir la différence entre version studio et réarrangements voulus, le public distingue mal les choix créatifs des artistes. Et c'est la confusion. Alors, même si Why ? reste Why ?, que le niveau des musiciens est incroyable et que le set est forcément enthousiasmant, cette soirée au Café de la danse a un amer goût de rendez-vous manqué.

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