Report : La Source, un essai éblouissant pour Bart.

Par · Publié le 3 novembre 2011 à 12h26
Jusqu’au 12 novembre, Jean Guillaume Bart, étoile à l’Opéra de Paris jusqu’en 2008, présente son tout premier Ballet. Gros rendez-vous, que nous n’aurions ratés pour rien au monde.
Jean-Guillaume Bart fera bientôt partis des grands hommes qu’à connu le Corps de Ballet de l’Opéra de Paris, de ces grands noms qui demeurent, et demeureront.

Prix du Cercle Carpeaux en 1995, Benois de la Danse en 2000, Prix « Charles Oulmont » en 2001 ou Chevalier des Arts et des Lettres en 2005, Bart fait indéniablement partie de ces étoiles qui marquent, ces étoiles qui font bien plus que filer. En 2008, alors qu’il arrêtait de danser pour le Corps de Ballet de l’Opéra de Paris à cause d’un problème de santé, il devenait professeur, et entrainait ses propres camarades, tout en chorégraphiant par-ci par-là, pour son propre plaisir. Quand on lui demandait de ce qu’il prévoyait pour son avenir au sein de l’Opéra, il ne pensait pas pouvoir s’affirmer en tant que chorégraphe. Aujourd’hui, l’Opéra lui offre sa plus belle scène, et sa création est une véritable réussite.

Nommé Etoile le 5 janvier 2000 à l’issue de la représentation de La Belle au Bois Dormant (rôle du Prince Désiré), Jean-Guillaume Bart présente son adaptation chorégraphique du Ballet de la Source, un ballet littéralement oublié par le registre de l’Opéra de Paris (créé en 1866). Pour sa première adaptation, crions au succès !

Séparé en deux mondes, la scène de l’Opéra Garnier est tantôt végétale et animale, occupée par les elfes et les nymphes, tantôt terrienne, occupée par les caucasiens folklores aux allures russes. Les elfes, grands chouchous du public parisien qui sont acclamés lors des saluts, sont de dignes héritiers des farfadets et des lutins, malicieux et agiles, qui se faufilent et sautillent au milieu de la nature qu’ils aiment et savourent. Verts ou bleus (végétation, ou eau), ces elfes apportent un élément décadent, amuseur, au cœur du monde solennel et tragique des Caucasiens, et du Khan, briseur de cœur.

La chorégraphie, définitivement moderne, offre avec les Caucasiens des danses Arméniennes ou Georgiennes, des danses relativement rares sur la scène de l’Opéra de Paris. Les nymphes et les elfes quant à eux, sont aériens et légers, comparables à de l’eau qui se faufilerait et glisserait au rythme du vent.

Cette superbe chorégraphie inédite et originale ne garde rien de la chorégraphie d’Arthur Saint-Léon présentée pour la dernière fois en 1876, elle est littéralement sublimée par son entourage, qu’il a su sélectionner avec soin et précision. A la scénographie, nous découvrons Eric Ruf, qui grâce à de simples cordes, de franges d’or et de glands de tapisseries nous offre une forêt, un palais… Rêve et réalité. Le décor, presque simple, offre un environnement idéal pour l’épanouissement des étoiles de Bart.

Le dernier détail qui offre son allure si princière à ce ballet est sans aucun doute les costumes, imaginés, dessinés et réalisés par Christian Lacroix, qui s’est interdit de regarder à quoi ressemblait les costumes de la toute première version (croquis disponibles à la bibliothèque-musée de l’Opéra). Les créations de Lacroix offrent aux étoiles et danseurs des parures royales, entre historicisme et folklore. Grâce au soutien de Swarovski, les étoiles étaient étincelantes de divinité (dans les deux sens du terme, donc). Tout n’était que féérie et magie, magnifié par un corps de Ballet grandiose, mené par la sublime Charline Giezendanner dans le rôle de Naïla, l’esprit de la Source.

Au cœur du plus bel Opéra du monde se dresse ainsi une superbe étoile, un grand chorégraphe qui fait ses débuts et qui déjà, est promis à un grand avenir. Vivement la suite !

La Source, à l’Opéra Garnier jusqu’au 12 novembre 2011.
Horaire : 19h30.
Informations pratiques

Lieu

8 Rue Scribe
75009 Paris 9

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Accès
Métro :
Station Opéra (ligne 3, 7 ou 8)
Auber (RER A)

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