Tony est jeune, beau, fort bien entouré par sa fiancée et son meilleur ami. Il emménage dans une toute nouvelle maison et trouve en la personne de Barrett un domestique parfait : il lui confie de nombreuses tâches, comme la cuisine ou la décoration de la maison, lui donnant toutes les clés pour qu'il lui devienne indispensable. Le temps passant, l'excessive attention de Barrett inquiète les amis de Tony, qui cherchent tant bien que mal à l'en éloigner. Mais rien n'y fait, Tony a désormais bien trop besoin de Barrett pour s'en débarrasser...
Notre avis sur la pièce :
Le roman de Robin Maugham est un chef d'œuvre qui distille l'angoisse au cœur de l'intime : la maison n'est plus un havre de paix mais un champ d'angoisses miné de l'intérieur. C'est pourquoi adapter ce texte au théâtre est plein de sens : la scène devient le huis clos d'une angoisse latente, sourde dans un premier temps puis envahissante. Les planches accueillent le salon de la maison de Tony : il y est d'abord chez lui, entouré de ses amis, puis petit à petit Barrett s'y installe, en décorant la pièce, puis en jouant avec Monsieur, puis en l'interrompant sans cesse, alors même que Tony croit être seul. Le climax est atteint lorsque Barrett investit le lieu en l'absence de Tony et s'y retrouve en charmante compagnie : il est bel et bien devenu le maître de la maison. Entretemps, il s'est rapproché de Tony comme une petite fiancée, lui infligeant scènes de jalousies et besoin d'affection constant.
Thierry Harcourt présente The Servant dans une mise en scène remarquable, tout à fait british, qui alterne les scènes de jour, mettant les personnages et leurs réflexions en plein lumière, et les changements de décor dans le noir, où la pénombre dévoile les déambulations des acteurs, indices de ce qui est sur le point d'advenir. Car oui, quelque chose se trame sous l'apparente perfection du serviteur. Incarné par Maxime D'Aboville, Barrett est glaçant. En arborant un visage impassible et une tenue impeccable, il insuffle à la pièce une force noire digne d'un thriller. Ses mots appuyés et sa rigueur sont fascinants. Face à lui, la légèreté de Roxane Bret, qui incarne les deux amantes frivoles, jaillit comme une pluie de confettis et confère de la fraîcheur à l'ensemble.
Les cinq acteurs sont très bons, ils maîtrisent l'ambiguïté du texte et parviennent à donner de la profondeur et de la légèreté à cette histoire de pouvoir et de trahison. Le spectateur est complètement happé : en somme, voici un spectacle parfait comme on en voit parfois (et notamment au Poche Montparnasse !), qui nous donne envie d'en parler à tout Paris.
Informations pratiques :
The Servant
Au théâtre de Poche Montparnasse
Du 1er septembre au 8 novembre à 19h, dimanche 17h30
(relâches les 6 et 23 septembre)
Tarifs : 17,5 (tarif plein), 11 (tarif réduit)
Réservez en ligne ou au 01 45 44 50 21
Dates et Horaires
Du 3 février 2015 au 8 novembre 2015
Lieu
Le Théâtre de Poche Montparnasse
75 Boulevard du Montparnasse
75006 Paris 6
Tarifs
tarif réduit : 11€
tarif plein : 17,5€