Le dernier testament de Mélanie Laurent au Théâtre National de Chaillot : notre critique

Par · Publié le 28 janvier 2017 à 0h04
Jusqu'au 3 février 2017, le Théâtre National de Chaillot présente sur la scène de la salle Jean Vilar la mise en scène et adaptation théâtrale du roman Le Dernier Testament de Ben Zion Avrohom de James Frey par Mélanie Laurent. Une première expérience réussie pour la comédienne qui s'essayait ici à la mise en scène.

Un narrateur, Gaël Mutangana, avocat de son état et narrateur à notre égard, interprété par Gaël Kamilindi, s'installe sur scène. Il va nous conter l'histoire de Ben Jones, ou Ben Zion Avrohom - interprété par Jocelyn Lagarrigue-, un homme simple, un homme comme les autres, qui vit dans le Bronx au cœur d'un quartier habité principalement par la communauté portoricaine. Il entretient des relations froides et distantes avec ses voisins et notamment avec Maria, une strip-teaseuse mère d'une petite fille. Ben Jones est presque miséreux lui-même mais pourtant, il a quelque chose d'exceptionnel. Ce petit quelque chose, ce presque rien, se révèle à la suite d'un accident qui aurait dû faire de lui un souvenir. Une plaque de verre de 500 kilos est venue s'écraser sur lui et pourtant, il a survécu.

Voilà alors que cet homme comme tout le monde - un homme dont la naissance, cependant, reste incertaine, si ce n'est que sa mère est israélienne mais qu'elle ne se souvient de rien de la nuit de sa conception - se met à développer des facultés hors du commun. Déjà, sa mort évidente transformée en résurrection le place en messie d'un nouvel ordre pour des fervents chrétiens tels que son propre frère, Jacob, un homme autoritaire qui ne se laisse pas dicter la religion. Ben, pourtant, ne voit pas du tout Dieu et la foi comme son frère l'entend : la religion est dans l'amour, dans les cadeaux, dans le rire d'un enfant. La religion n'est certainement pas dans les livres. Le désaccord est évident, son frère n'est pas de cet avis. Et tant que survivront des désaccords, le sang coulera toujours et s'écoulera de la table lors du dernier repas partagé en famille...

Ben, distant de tout mais profondément bienveillant, désireux de répandre l'amour - l'orgasme, c'est aussi et surtout de l'amour ! - s'attire des ennuis. Le narrateur nous raconte sa vie, parfois en s'attardant un peu, parfois en passant rapidement. Ben Zion finit mal, on le croit d'abord violent, puis fou. En fait, on a peur de lui. Il finit légume, victime de la stupidité des hommes, de la peur des autres. Du refus de l'amour, aussi, peut-être.

Mélanie Laurent signe avec cette adaptation du livre de James Frey paru en 2011 chez Flammarion une pièce élégante et blanche, blanche tantôt comme les couloirs des hôpitaux, tantôt comme les cieux. Dans un décor à la simplicité suffisante, inspiré de l'approche épurée d'Ivo Van Hove et fait de lumières variables, de quelques chaises et d'un sol de terre signé Marc Lainé et Stephen Zimmerli, Mélanie Laurent multiplie les effets, peut-être un peu trop, d'ailleurs. Si certains effets visuels sont esthétiquement très réussis (la neige finale, par exemple), d'autres n'ajoutent rien de particulier à l'ensemble et dénotent un peu. On ressort cependant véritablement touché par cet homme à la beauté évidente, ému par bien des choses mais songeur quant à l'avenir de notre société et de notre planète. Pari réussi, chère Mélanie !

Infos pratiques :

Le Dernier Testament au Théâtre National de Chaillot, du 25 janvier au 3 février 2017.

Mercredi, vendredi et samedi à 20h30, jeudi à 19h30 et dimanche à 15h30.

Tarifs : de 8 à 35€

Réservations : 01 53 65 30 00


Informations pratiques

Dates et Horaires
Du 27 janvier 2017 au 3 février 2017

× Horaires indicatifs : pour confirmer l'ouverture, contactez l'établissement.

    Lieu

    1 Place du Trocadéro
    75116 Paris 16

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    Infos d’accessibilité

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