L'an passé, David Geselson présentait sur cette même scène En route, Kaddish, un spectacle beau et sensible où le metteur en scène et acteur partait à la recherche de la vie et du souvenir de son grand-père. Depuis le 8 mars 2017, il s'inspire une nouvelle fois de la réalité pour en faire une fiction à sa façon, une nouvelle fiction empreinte d'amour.
Au programme, Doreen, un spectacle inspiré des derniers écrits d'André Gorz, philosophe et journaliste français, Lettre à D. Histoire d'un amour. Dans ce dernier ouvrage, le philosophe y imprime tout l'amour qu'il ressent pour sa femme depuis toujours, une femme aujourd'hui malade et affaiblie.
« Tu vas avoir quatre-vingt-deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais. » Le livre commence par ces mots.
Une année plus tard, André et Dorine (le réel orthographe) se suicideront ensemble, impossible d'admettre qu'un des deux pourra survivre à la mort de l'autre. C'est de ce livre magnifique que s'inspire David Geselson pour monter sa pièce où il donne la réplique à Laure Mathis et qui invite littéralement le public à partager un moment intime avec le couple. Un verre de vin à la main, le duo d'acteurs en offre aux invités. Bienvenus chez nous, semblent-ils nous souffler alors que nous prenons place de part et d'autre de la pièce.
Le temps d'une heure, dans une scénographie qui m'inspire le confort du salon de mes parents (une longue table où inviter des amis, les verres à pied de la veille, une haute bibliothèque, des livres, des chaises molletonnées), le couple, transformé en Gérard et Doreen, se raconte, se savoure avec pudeur, s'aime sans fureur, d'un amour calme, évident, essentiel. Avec beaucoup de fragilité et d'émotion, ils se prennent le bec un peu, se regardent avec une tendresse infinie. Gérard, au beau milieu d'une discussion politique, redemande à Doreen si elle veut l'épouser. Elle ne tombe pas là dedans, le débat est important. On découvre que sans la femme, le philosophe ne serait probablement pas grand chose.
La complicité de Laure Mathis et de David Geselson touche en plein cœur. On ressort de cette pièce infiniment ému, bouleversé par la pureté de cet amour intelligent et brillant que la mise en scène a su si bien servir. Une réelle réussite qui fonctionne à merveille dans ce cadre très intimiste imposé par une scénographie parfaite.
Infos pratiques :
Doreen, au Théâtre de la Bastille du 8 au 24 mars 2017.
À 18h30
Du 8 au 11 mars
Relâche le 12 mars
À 19h30
Du 13 au 24 mars
Relâche le 19 mars
Tarifs : de 14 à 24€
Réservations : 01 43 57 42 14
Dates et Horaires
Du 8 mars 2017 au 24 mars 2017
Lieu
Théâtre de la Bastille
76, rue de la Roquette
75011 Paris 11
Tarifs
- de 30 ans ; demandeurs d'emploi : 14€
+ de 60 ans : 17€
TP : 24€