Edurne Rubio, artiste, performeuse et réalisatrice espagnole, nous emporte avec elle le temps d'une soirée dans le cadre du festival du Théâtre de la Ville Chantiers d'Europe dans une visite guidée d'une grotte chère à son cœur puisque importante dans l'histoire de son père et de ses oncles, tous trois spéléologues. Un moment unique en son genre.
Un noir épais nous accueille, à l'Espace Cardin, alors même que les ouvreurs tentent, avec de très faibles lumières, de diriger les spectateurs vers une place assise. Les portes se referment sur nous, nous voilà qui aterrissons bien plus loin que nous ne le sommes vraiment. Les bruits que nous entendons, ce sont ceux de la grotte de Ojo Guareña dans le nord de l'Espagne, grotte que le père d'Edurne Rubio a bien connu puisqu'il l'a exploré il y a trente ans avec ses frères.
Le bruit lointain mais résonnant d'une goutte s'écrasant sur le sol sont souvent la seule bande sonore de cette expérience originale, unique. D'ailleurs, il y ferait presque aussi frais, l'humidité nous piquerait presque le nez. L'espace Cardin ce soir est plongé dans l'obscurité la plus totale, juste le temps que Edurne Rubio nous raconte, avec les mots qui sont les siens (des mots faits de lumières, d'enregistrements, d'atmosphères), les souvenirs que son père et ses frères gardent de cet endroit magique, cette grotte qui a traversé les âges en spectatrice silencieuse et pour la plupart du temps, invisible.
L'histoire nous mènera jusqu'aux origines du monde dont les grottes ont été aussi les théâtres, et plus récemment, aux portes du franquisme, quand les horreurs balayaient les rues, que les cadavres devaient disparaître rapidement. Les grottes comme celle d'Ojo Guareña devinrent à cette époque des cimetières faciles, évidents, ouverts. Un moment intelligent, original, mais qui parfois, nous perd aussi dans les méandres d'un silence assourdissant.
Infos pratiques :
Programmation complète du festival.