Le voyage d’un homme jeune à l’heure de sa mort, regardant tout ce que fut sa vie […]
C’est l’histoire d’un voyage, l’histoire d’un homme jeune et de son voyage…
Le 30 septembre 1995, Jean Luc Lagarce succombait, à l’aube de ses 40 ans, au SIDA. Bien d’autres avant lui avaient emprunté le même chemin. Très tôt, en 1984, il y eut la morte de Michel Foucault. Puis, Bernard-Marie Koltès, Jacques Demy, Hervé Guibert, Cyril Collard. Outre atlantique, Freddie Mercury est tombé, Robert Mapplethorpe aussi, Keith Haring ou Miles Davis. La liste est longue, glaçante.
Il y a quelques mois sur cette même scène de l’Odéon, Christophe Honoré rendait hommage à ces grands hommes disparus, ceux de son panthéon personnel, laissant aussi entrevoir les moins grands, décrivant une époque tragique prise entre les griffes d’un virus mortifère. Jean-Luc Lagarce était de ceux-là, interprété par Julien Honoré.
Après le succès des Idoles, ce sont les derniers mots de Jean-Luc Lagarce qui prennent en ce moment possession des lieux, retenant le public à son siège 4 heures durant, finalement bien peu pour des adieux.
Au plateau, amis, collègues et collaborateurs de longue date de Clément Hervieu-Léger, âgé aujourd’hui du même âge que Louis, le personnage principal. Loïc Corbery de la Comédie-Française qu’il appelle son « alter-ego » (ce n’est pas rien), le co-directeur de la Compagnie des Petits Champs Daniel San Pedro, Audrey Bonnet, Stanley Weber, Guillaume Ravoire, Clémence Boué… Sa famille, en quelque sorte, de la même manière que Jean-Luc Lagarce raconte dans cette œuvre les retrouvailles avec la sienne.
Retrouvailles fantasmées et craintes à la fois. Avouer qu’il va mourir, ne pas réussir à le dire. Payer les pots cassés de son silence, celui qu'il pratique depuis toujours. S’en aller sans rien ajouter. Jean-Luc Lagarce meurt quelques mois après la publication de ce texte, un texte touffu, saccadé, en de nombreux points similaires à celui de Juste la fin du monde, publié en 1990.
4 heures et des paroles incessantes. Il n'y a pas de temps à perdre. Les comédiens, bottés dans des rôles qui semblent être les leurs dans la réalité, ne quittent presque jamais le plateau. Ils écoutent, toujours, observent, prennent parfois la parole. Assistent parfois impuissants au naufrage d'une famille qui ne sait pas, ne sait plus, se parler. C'est fort, parfois drôle pour relâcher la tension. Puis la lumière s'éteint. Voilà.
Infos pratiques :
Le Pays Lointain, à l'Odéon Théâtre de l'Europe jusqu'au 7 avril 2019.
Du mardi au samedi à 19h30, le dimanche à 15h.
Tarifs : de 6 à 40€
Dates et Horaires
Du 17 mars 2019 au 7 avril 2019
Lieu
Odéon Théâtre de l´Europe
2 rue Corneille
75006 Paris 6
Accès
Métro Odéon