Il est des romans qui échappent aux conventions et dont la subversion a su traverser les époques. C'est le cas d'Orlando, roman inspiré à la romancière londonienne Virginia Woolf par celle qui fut un temps son amante, Vita Sackville-West (et dont l'histoire a tout récemment donné lieu à un film, Vita and Virginia).
Dans ce livre datant de 1928, il est question d'un homme de la noblesse anglaise, Orlando, né sous le règne d’Elizabeth I. Son histoire, par on ne sait quel miracle, se prolonge jusqu'à la date de sa publication (et dans la mise en scène de Katie Mitchell, jusqu'à Londres contemporain), et entre temps, il vivra bien des aventures dont celle, peu commune, de se réveiller femme un beau matin lors d'un voyage en Turquie et de goûter ainsi aux plaisirs - et aux déplaisirs - du beau sexe.
Terrain magnifique que ce roman déroutant pour la britannique Katie Mitchell dont l'engagement féministe n'est plus à prouver. Son travail n'a de cesse de questionner la condition féminine et d'en dénoncer les violences. Que ce fut avec La Maladie de la mort de Marguerite Duras ou bien avec la réécriture du mythe d'Orphée et Eurydice par Elfriede Jelinek, la femme est souvent au cœur de ses préoccupations. Orlando, naturellement, ne fait pas exception.
Ici, l'installation scénique est tout à fait semblable à celles des spectacles précédemment cités : il y a toujours de nombreuses caméras et un dispositif savamment orchestré, ballet technique des plus peaufinés, pour faire en sorte de nous diffuser en live ce qui se joue au plateau, sur un écran géant installé au dessus. Théâtre et cinéma en même temps, c'est d'une précision militaire et ça marche du tonnerre. Ici aussi encore une fois, une comédienne, installée non loin de la scène dans une cage de verre, fait office de narratrice, non racontant de temps à autre ce que les dialogues ne suffisent pas à expliquer.
Les comédiens de la Schaubühne de Berlin sont déments, même si la création en allemand nous fait un peu regretter de ne pas entendre les mots de Woolf dans sa langue d'origine, qui est celle aussi de la metteuse en scène. On se console avec cette chorégraphie technique stupéfiante, où les acteurs volent entre les scènes, et si vous ne regarder que l'écran, vous pourriez ne même pas vous en rendre compte. D'un point de vue technique, vraiment, c'est prodigieux.
Infos pratiques :
Orlando, à l'Odéon Théâtre de l'Europe, jusqu'au 29 septembre 2019.
20h du mardi au samedi, 15h le dimanche.
Dates et Horaires
Du 26 septembre 2019 au 29 septembre 2019
Lieu
Odéon Théâtre de l´Europe
2 rue Corneille
75006 Paris 6
Accès
Métro Odéon