Combien sont morts, à New-York, aux Etats-Unis, dans le monde entier, à la fin des années 80, décimés par le SIDA ? Tony Kushner, « juif, homosexuel et marxiste », pour reprendre ses propres mots, a été marqué, comme grand nombre d’artistes de son époque, par cette époque extrêmement noire, par la stigmatisation, par la solitude dans laquelle mourront bien des victimes.
Il écrit alors Angels in America ou Angels in America : A Gay Fantasia on National Themes (littéralement, « Des Anges en Amérique : une fantaisie gay sur des thèmes nationaux ») en 1991, une pièce devenue depuis une véritable référence du théâtre de cette époque, Prix Pulitzer et Tony Award, qui rentre cet hiver au répertoire de la Comédie-Française avec la mise en scène du cinéaste français Arnaud Desplechin actuellement présentée et jusqu'en mars 2020 Salle Richelieu.
La pièce met en scène la société américaine au cœur des années Reagan. Roy Cohn, avocat sans scrupule, disciple de McCarthy, homophobe et raciste - personnage qui a réellement existé incarné ici avec brio par un Michel Vuillermoz éblouissant -, tente de pousser son jeune collaborateur, Joe Pitt, à partir à Washington pour booster sa carrière. Peu après, ce même Joe (Christophe Montenez) croise dans les toilettes du cabinet un certain Louis (Jérémy Lopez), dit Louise, juif et homosexuel assumé qui pleure la maladie de son amant. L’homme qu'il aime et qui partage sa vie, Prior Walter, interprété par le génial et sensible Clément Hervieu-Léger, se meurt. Il a le SIDA. Combien de temps lui reste-t-il à vivre ? Louis pourra-t-il supporter de voir son amour dépérir sous ses yeux ?
Angels in America est une pièce importante. Une pièce importante qui mêle la religion, l'homosexualité, la maladie et qui encore aujourd'hui, trouve une résonance dans la situation actuelle du monde, dans les agissements et commentaires racistes et homophones de Donald Trump. Qui convoque beaucoup de personnage pour créé une réelle vision du New-York de ces années-là. Néanmoins, la distribution de haut rang - citons également l'excellente Dominique Blanc, véritable caméléon, et Gaël Kamilindi superbe en infirmier queer irrésistible - ne suffit pas à sauver une mise en scène un peu décevante dont les décors semblent assez datés, qui reprend notamment les codes de l’ange blanc descendant du ciel comme autant de visions apparaissant à Jo vivant peut-être ses derniers instants. Une vision comme un hommage, sans doute, à la mini-série créée en 2003.
Dates et Horaires
Du 21 janvier 2020 au 27 mars 2020
Lieu
Comédie française - Salle Richelieu
1 Place Colette
75001 Paris 1
Accès
Métro Palais Royal - Musée du Louvre
Site officiel
www.comedie-francaise.fr