Dans sa note d'attention, l'autrice Nicole Couderc explique :
"J'ai pris le bus, le 117, pendant des années pour rejoindre le lycée à côté duquel se trouvait un centre pour handicapés. Nous gravissions chaque matin Les Coteaux du Sud au milieu des cris, des éclats de rires, des angoisses bruyantes ou étouffées. La dame du 117 je l'ai rencontrée là. Il m'est arrivé sur d'autres lignes aussi de croiser ces mêmes femmes hagardes ou bavardes, déplacées et ineffables. L'histoire de Julie, je ne peux l'imaginer que dans le contexte de la ville, avec le centre commercial où son père dirige Carrefour, les arrêts de bus avec les adolescents, les gens qui vont travailler, ceux qui prennent le bus parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement… (…) Ce lieu de la ville, je souhaite le voir reproduit sur une scène de théâtre, comme un lieu de vie où l'on se croise sans se regarder, où l'on se regarde sans se parler… (…) Que sur le plateau aussi, l'agitation de la vie ou son vide pour un temps suspendus, on écoute Julie, la dame du 117, Danièle et les autres… (…) Et après reste la "Trace" à partir de laquelle tout rassembler, essayer de tout déchiffrer."
Julie a 17 ans quand sa mère se suicide. Elle vit seule avec son père, directeur d'un supermarché, et tente de maintenir leur vie « comme avant », tout en faisant face au deuil, à la solitude et à une soudaine indépendance. « Trace », est l'injonction qu'elle reçoit tous les jours : trace ta route, fonce, ne te laisse pas abattre, la vie continue... malgré l'absence écrasante.
Parmi les autres : Il y a le père, Benoît Gille, directeur du supermarché Carrefour. Il travaille tout le temps, et quand il n'a plus rien à faire, il lit "la vie des manchots". Il y a la dame du 117.
Le 117, c'est un bus. Et la dame attend tous les jours à quatorze heures le 117. Elle fait le trajet aller-retour jusqu'au terminus tous les jours. Elle parle peu aux autres, il pourra arriver qu'elle nous parle à nous.
Il y a Pauline, Sabrina, Tristan, et d'autres... Tous ont à peu près l'âge de Julie. Comme elle, ils essaient d'avancer avec leurs portables, leur musique, leur langage.
Il y a Clotilde, la femme deménage, avec sa fille qui n'aura pas son bac, le mari, la famille du mari qui arrive d'Afrique. Elle fume des cigarettes, est parfumée à Angel de Thierry Mugler.
Il y a Danièle aux grosses joues rouges, vieille grande fille attardée toujours avec sa mère. Elle travaille au centre pour handicapés tout près du lycée comme Pascal.
Ils attendent aussi le 117, et dans le bus Danièle parle à tout le monde. Tous avancent dans un sens, dans un autre. La ville, elle, est ordonnée, eux non. Reste la flaque de sang sur le ciment, le buisson éclaboussé, la trace qui ne s'efface pas, qui échappe à l'obéissance...
Dates et Horaires
Du 16 novembre 2022 au 10 décembre 2022
Plus d'informations
Dates :
16 novembre 2022 au T2R, Charenton
24 et 25 novembre à NGAT, Vitry
du 8 au 10 décembre 2022 à la Maison des Arts et de la Culture, MAC de Créteil