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· Publié le 22 septembre 2011 à 11h06
René l'énervé, c'est un peu le spectacle de la rentrée. C'est celui que les intellectuels vont s'empresser de voir, celui que la Presse attend au tournant. Et en même temps, un Opéra bouffe, écrit par Jean-Michel Ribes (dont la dernière création date de 2004), présenté dans son propre théâtre, et traitant de Nicolas Sarkozy, ne peut que ramener foules.
Je ne me contredirais pas en disant que depuis la première, le 7 septembre dernier, la grande et belle salle Renault Barrault (760 places) du Théâtre du Rond-Point est pleine tous les soirs. Mais pourtant, René l'énervé, c'est un peu comme une mayonnaise ratée, ça ne prend pas...
A priori, tous les éléments y sont : costumes, chansons, textes travaillés, acteurs de talent et charismatiques... La fresque est belle, les scènes sont envoûtantes et l'effort fait au sujet du visuel est très largement palpable, et recompensé. Nous avons aimé le chœur antique, totalement anachronique, mais très attachant. Mais Jean-Michel Ribes qui ne s'était, jusqu'à alors, jamais lancé dans le politico-théâtral, aurait du en rester là... Non pas que l'idée soit mauvaise, et qu'elle soit mal traitée. Nous regrettons simplement cette analyse survolée de la gouvernance de Nicolas Sarkozy. Nous rions beaucoup certes, mais nous rions de faits passés et dépassés. La critique est facile, la moquerie aussi. Mais apporter quelque chose de vraiment nouveau, voilà qui est compliqué.
Vous prendrez cependant un véritable plaisir à identifier les personnages intervenants. "Ginette" et "Gaufrette" sont deux femmes de l'opposition, sans cesse à se disputer la présidence. Hurtzfuller, en costume bavarois, lutte contre l'immigration "excessive". Sans parler des CN (Cons de la Nation), des écolos à la limite du flower power, de Carla Bruni évidemment (devenue argentine pour l'occasion!) ou de quelques philosophes novateurs et très en vogue... Mauvais point pour le double de René, dont nous ne comprenons pas vraiment l’intérêt... Donner un air humain à Nicolas Sarkozy a déjà été tenté, sans succès.
L'ensemble est extrêmement festif, bien que l'ennui ne tarde pas à pointer le bout de son nez. 2h30 de spectacle, c'est très long, surtout quand celui-ci commence à 21h. Les yeux qui clignent plus d'une fois, nous remercions la musique de Wagner qui nous tient en éveil. Mais pour l'effort, pour l'originalité du concept, pour le bonheur pour les yeux, chapeau quand même !