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· Publié le 14 octobre 2011 à 11h46
Depuis avril 2011, la scène de la Comédie de Paris est envahit par une vague de bonne humeur... et de désespoir. Le cercle des Joyeux Désespérés, ou cette pièce qui nous fait rire de bon cœur sur des sujets houleux.
Le paysage théâtral parisien aurait presque tendance à dénigrer les comédies, de nos jours. A force de voir des pièces de grands metteurs en scène écrites par des grands dramaturges, on en oublierait presque qu’il est possible de passer un bon moment au théâtre sans forcément devoir réfléchir à toutes les allusions et les références. On en oublierait presque qu’il existe de vrais bonnes comédies, bien écrites et justes, dégageant de vrais émotions. Le cercle des joyeux désespérés fait ainsi partie de ces pièces-là, ces pièces qui se regardent et se savourent avec beaucoup de légèreté et de décontraction.
Proposée par
le Théâtre de la Comédie de Paris depuis le mois d’avril 2011,
Le cercle des Joyeux Désespérés, écrit et interprété par
Karine de Demo a été reconduit cette année, tant le public était séduit. Cette charmante pièce vous offre un savoureux moment de détente au cœur d’une époque qui ne s’y prête que finalement si peu. Karine elle-même nous confie, à quelques minutes du début du spectacle, que sa plus grande intention est de faire rire, considérant l’humour comme arme essentielle à la vie. Avec cette comédie noire et burlesque, elle nous permet de prendre de la distance par rapport aux problèmes, de s’éloigner quelques minutes de la réalité, en riant par exemple, du suicide et de la mort. Pourquoi ne pourrions-nous pas le faire, après tout ? Nous faire mourir de rire sur le suicide (simple le jeu de mot, très simple), c’est audacieux. Un humour très anglo-saxon qui nous permet de nous évader, 1h20 durant.
La pièce débute alors qu’un bruit d’échappement de gaz se fait entendre, dans un appartement inerte, où une femme enceinte demeure, sur un divan. Elle s’appelle Mona, et elle désire mourir, seule, paisible. Cependant, sa voisine du dessous, Madame Lili Couillard, qui n’a jamais aussi bien porté son nom, défonce la porte afin de la sortir de ce désarroi, alors que Mona, elle, n’y tient pas forcément… Lili, personnage haut en couleur, interprété par
Charlie Bruneau est aussi notre coup de cœur. Insupportable, drôle à en mourir, elle pousse la pauvre Mona à se sortir de sa détresse, avant d’y tomber elle-même, tête la première, et d’interpréter une absolument mémorable conversation téléphonique avec son époux, qui nous rappellera à toutes, notre horrible caractère féminin… On ne vous en dit pas plus, vous comprendrez par vous-même.
A ce superbe duo cynique s’ajoute très vite le voisin du dessus, pas moins désespéré et suicidaire, Dan, interprété par
Lionel Auguste. A eux trois, ils vont dessiner un très piètre bilan de notre humanité pourrissante. Vous rirez de leur humour noir, de leur fataliste exacerbé, du burlesque, des situations, sans oublier, de la complicité des jeunes acteurs qui vous offrent un flux éblouissant de tirades hilarantes et politiquement incorrectes. Si tout semble improvisé tant le déluge de paroles est impressionnant : « tout est extrêmement carré », nous indique
Karine de Démo, souriante. On salue ainsi la belle performance scénique de ces jeunes acteurs qui nullement ne bafouillent dans ce tourbillon de paroles.
Il faut être conscient cependant que tout le monde ne peut rire de tout… Alors nous avons quand même cherché à savoir s'il existait de mauvaises réactions à de paroles si crues… « Il y a autant d’avis que de trous du cul, je m’en fiche », nous répond Karine de Démo. Vous êtes prévenus. Quant à nous, vous l'aurez compris, nous avons adoré !
Le cercle des Joyeux Désespérés à la Comédie de Paris
Du mardi au samedi à 21h30.