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· Publié le 9 novembre 2011 à 15h52
Alors que les représentations du spectacle « Sur le concept du visage du fils de Dieu » de Romeo Romeo Castellucci touchent à leur fin, une nouvelle crainte s’affiche sur le visage culturel parisien. Cette crainte s’appelle Golgota picnic, c’est une pièce signée Rodrigo Garcia qui sera présentée au Théâtre du Rond-Point dès le 8 décembre prochain.
Que de tourments en cette semaine du 1er novembre 2011 pour les fervents défenseurs de la liberté de pensée.
Du Théâtre de la Ville au siège de
Charlie Hebdo, la liberté appelait au secours... en quémandant un bureau, par exemple.
Au sujet de la pièce de
Romeo Castellucci,
Sul concetto di volto nel Figlio di Dio, certains crient au non-respect total de l’image du Christ, et
des enfants de cœur et des jeunes filles de bonne famille se mettent à manifester devant le
Théâtre de la Ville. D’autres crient à une stupidité profonde de la culture française d’accepter une telle injure inutile et facile envers le Christianisme et qu’une telle déferlante de mécontentement n’était que prévisible. Et enfin, d’autres croient à la fin de la liberté d’expression et de critique, à l’intimidation injustifiée face à un art qui n'a rien de blasphématoire.
Les conversations, les menaces, les pétitions et les manif’ vont bon train. L’art lui, ne s’arrête pas pour autant. La machine continue de tourner, sans censure aucune venant de la tête de l’Etat.
Emmanuel Demarcy-Mota, à la direction du Théâtre de la Ville depuis 2007, s’oppose fermement à l’arrêt de la pièce, dont il se sent pleinement responsable, et continue de la défendre coûte que coûte, en mettant même en place un comité de soutien à la pièce (
cliquez ici).
La crainte, que tout cela recommence et empire, est bien là.
Golgota Picnic de Rodrigo Garcia montera sur scène dans à peine un mois sur les planches du Rond-Point, et déjà, on parle de cette pièce comme du « nouveau blasphème artistique ». Manifestation et contestation, tout est déjà prévu.
Jean-Michel Ribes, directeur du
Rond-Point, ne cache pas avoir reçu des menaces de mort. Mais pourtant,
Golgota Picnic de Garcia reste bel et bien programmé, malgré l’assurance d’une foule de Chrétiens mécontents présents chaque soir devant le théâtre.
Golgota Picnic s’attaque au Christ, manifestement et ouvertement. Comme beaucoup, n’ayant jamais vu cette pièce (nous attendons impatiemment les représentations), nous ne pouvons que nous référer à une brève description. Alors crier au blasphème, déjà ? Sûrement pas. (Même si il a été prouvé que la quasi majorité des manifestants du Théâtre de la Ville n’avait jamais vu le spectacle en question.)
Golgota Picnic représente le Christ dans un hamburger. A comprendre : la multiplication des pains, mais aussi, référence incontestable à la place du Christ dans notre monde de consommation. De cette crucifixion divine, il en fait une scène trash et tragique. 2000 ans de christianisme sont ici attaqués par des provocateurs enragés, performeurs, danseurs et musiciens. Il tente de revisiter les Saintes Ecritures. A Toulouse, alors qu’il était programmé en novembre dernier au
Théâtre de la Garonne, les manifestations se sont multipliées pour une déprogrammation immédiate d’un blasphème public et
« accepté ».
Face aux faits toulousains, et plus récemment, aux actions menées contre le Théâtre de la Ville, la position de Jean-Michel Ribes s’annonce ici des plus inconfortables. Et pourtant, il est évident qu’aucune déprogrammation ne sera jamais autorisée concernant une œuvre d’art traitant de la liberté d’expression et de critique. Alors, œuvre d’art, ou pas ? Telle est la question. A vous d’en juger, à vous de répondre. Mais sans violence.
Golgota Public au Théâtre du Rond-Point du 8 au 17 décembre 2011.
20h30, salle Renaud-Barrault. Photo : © Davir Ruano