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· Publié le 17 novembre 2011 à 11h30
Découvrez Fragments d’un discours amoureux, au Théâtre de la Bastille dès le 16 novembre.
Roland Barthes, quand il publia cet essai en 1977, 3 ans avant sa disparition, est apparu comme un gentil ovni au cœur du paysage littéraire français. Nul n’avait jamais conçu un livre avec pour sujet central « l’amour » de la sorte. Incompris, ou plutôt, intriguant, le
Fragment d’un discours amoureux de
Roland Barthes tente d’apporter un regard nouveau sur l’amour, cet amour que nous connaissons tous. Il offre une image de l’amour enfoui sous le doute, craintif d’être sot et ridicule.
Pour l'écrire, Barthes, grand sémiologue et théoricien de la littérature, s’est penché sur ses idoles, et s’est inspiré de leurs propres idées. Goethe en fait partie, par exemple. Il s’est ensuite, évidemment, attardé sur ses propres sentiments.
Les mots de Barthes résonnent ainsi en chacun de nous, car l’amour est jeu auquel nous savons tous jouer. Ses mots résonnent dans nos têtes, et nous transportent jusqu’à nos propres expériences.
Arnaud Churin relève alors, sur la scène du
Théâtre de la Bastille, le défi de transposer les mots de Barthes. Il n’est pas le premier à le faire (on se souvient de
Fabrice Lucchini qui avait déjà tenté l’expérience, avec succès), mais l’enjeu reste tout de même aussi colossal qu'ambitieux.
Adolescent, Churin découvre Barthes dans une exposition qui lui était consacrée au Centre Pompidou, et l’amour à son égard n’a fait que grandir au fil des années. En compagnie de Luciana Botelho (l'une des actrices du trio sur scène), alors qu’ils travaillaient sur un spectacle intitulé
Pas vu, ils se rendent comptent que les figures des
Fragments d’un discours amoureu peuvent vraiment être travaillés afin d’en faire un spectacle à part entière. Après des années d'efforts dramaturgiques, ils comprennent que leur projet était présomptueux, mais surtout qu'il en valait la peine. Qu’aussi dur soit-il de se plonger complètement dans l’univers de Barthes, on en ressort fortifié.
De cette très longue étude pour mettre en scène Barthes, la compagnie présente aujourd’hui neuf fragments de l’œuvre, et débute par « Ravissement ». Sur la scène, deux hommes isolés derrière leur solitude, monologuent sur l’amour qu’ils portent au troisième personnage, qui elle, ne parle pas, mais écoute. Intimement, ils se confient au spectateur, qui ne peut s’empêcher de s’identifier à eux.
Parfois drôle, même, très drôle,
les Fragments d’un discours amoureux mis en scène par
Arnaud Churin enchante le public, qui trouve à rire là où ce n’était pas forcément prévu. L’amoureux, aussi touchant que ridicule, séduit par son désespoir dérisoire. Le jeune Werther de Goethe, dont Barthes s’est directement inspiré, n’est pas moins pathétique que les personnages décrits dans cet essai unique et grandiose sur l’amour.
Les Fragments d’un discours amoureux au Théâtre de la Bastille.
Du 16 au 29 novembre 2011.
Du lundi au samedi à 19h30.
Tarif : à partir de 28€© Julien Piffaut