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· Publié le 1er janvier 2012 à 21h28
Pour la troisième saison consécutive, le Théâtre de Menilmontant a le plaisir d'accueillir en sa ravissante et populaire salle une pièce adaptée du chef d'œuvre de George Orwell, 1984.
Plus de 200 représentations, et pourtant, la pièce montée par
Sébastien Jeannerot n'a pas l'air de s'essouffler, loin de là. Nous ne dirons jamais assez à quel point il est difficile d'adapter une œuvre qui n'était pas théâtrale à l'origine. C'est un risque supplémentaire, sans compter celui que de s'attaquer à un chef d'œuvre... Mais le verdict est sans appel : c'est un délice.
Ici, sans avoir encore pris le temps de vous installer dans votre fauteuil de cuir, vous serez plongés dans l'univers oppressant d'un totalitarisme sans nom. 4 hommes masqués, des images en noirs et blancs qui défilent, des hommes à la tête baissée, des bâtiments hauts, froids et sans personnalité. C'est bien l'image que l'on se faisait de
1984, une atmosphère très soviétique des années 60, grise et austère.
Quand les lumières s'éteignent, nous voyons apparaître cette phrase «
Qui contrôle le présent, contrôle le passé, qui contrôle le passé, contrôle l'avenir», slogan du dit Parti bien aimé. Entre théâtre et film, la pièce de Jeannerot réussit à nous captiver constamment, grâce à des changements réguliers, mais pas pour autant dérangeant, entre vidéo et jeux d'acteurs. Les vidéos projecteurs présents sur la scène ne sont d'ailleurs pas sans rappeler l'omniprésence de la surveillance dans le roman d'Orwell, et l'absence complète de liberté (d'où le maintenant très fameux "
Big Brother is watching you").
1984 retrace donc la vie de Winston, être humain soumis à un Parti qu'il ne comprend pas, soumis à un totalitarisme qui empêche les êtres humains de penser, de s'exprimer, de ressentir, et bien sûr, d'aimer. Winston tient un journal, où il raconte ses ressentis, ses désespoirs à l'égard de cette vie qui n'en est pas une. Quand il rencontre l'amour, il sait d'ores et déjà que ses jours sont comptés, et que sa liberté momentanée à un prix... Celui de la souffrance, de la torture et du sang.
Le Théâtre de Menilmontant offre là une belle leçon de théâtre, grâce à une troupe qui réussit ce pari risqué qui est de faire honneur à la magistrale œuvre de
George Orwell. Violente et oppressante, la mise en scène est parfaitement juste. De là à nous y voir, nous autres et nos smartphones, il n'y a qu'un pas...
Infos Pratiques :
1984, au Théâtre de Menilmontant.
Le vendredi à 21h.
Tarifs : de 10 à 20€
Site officiel.