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· Publié le 23 décembre 2011 à 12h38
L'importance d'être Wilde se joue jusqu'au 5 février au Lucernaire. Avant les fêtes, rien de tel qu'une petite pièce sur un auteur des plus brillants du XIXème siècle... Compte rendu.
Oscar Wilde reste, malgré certains clichés rabachés ("
la meilleur façon de résister à la tentation, c'est d'y céder", devenu hymne national pour des guignols de télé réalité), relativement méconnu par la plèbe, mais idolatré par les férus de littérature. Dandy reconnu, poète torturé et imbu de sa personne... Oscar Wilde est une des figures les plus contreversées de la fin du XIXème siècle, que la
Cie Philippe Person se plaît à faire revivre de manière plutôt convainquante.
L'importance d'être Wilde présente l'avantage de nous faire partager un peu plus que
le Portait de Dorian Gray, seule œuvre de l'artiste vraiment connue et appréciée par le public. Sa popularité, ses erreurs, ses dégoûts (la jeunesse, les femmes...), sa déchéance, la Compagnie s'attarde sur chaque détail.
De
Salomé (écrit pour
Sarah Bernhardt en 1895, qui déclina l'invitation) à
l'importance d'être Constant, les trois (excellents) comédiens offrent un panorama plus complet que l'opinion générale au sujet de l'auteur irlandais, et fier de l'être. Les interventions d'André Gide sont vraiment cohérentes, les moments d'intimité epistolaire avec Bozi sont plaisantes, de même que les extraits de ses autres pièces, dont une
Salomé qui réussit le pari (ô combien
"casse-gueule"!) de nous faire passer d'une comédie à une tragédie biblique, et à nous emouvoir avec !
Cependant, même si les interprétations sont vraiment réussies (le talent de nos trois comédiens apparaît comme évident!), que la tirade de Salomé nous laisse sans voix , que certains passages valent vraiment le coup d'être appréciés, on regrette que la pièce aille moins loin dans le vrai jeu. Les citations sont trop facilement balancées au beau milieu de rien, alors qu'il aurait été plus sympatique de les insérer dans une scène, comme ils l'avaient au préalable fait avec la scène du jugement. Jugement qui condamnera Wilde aux travaux forcés, en parti à cause de Dorian Gray, et de ses 216 illusions immorales.
Ainsi, la mise en scène ne prend pas assez de risque, et se contente d'offrir un - quoique plaisant - hommage assez facile à Wilde (notamment en présentant un portrait de Wilde en dernière scène). Le tout ne semble pas assez abouti et profond, même si ce moment de théâtre ne peut que satisfaire. On en demande un peu plus, voilà tout, car l'ensemble résonne malgré tout, comme quelque peu survolé...
L'importance d'être Wilde au Lucernaire
Du mardi au samedi à 20h
Les dimanches à 17h
Tarifs : de 15 à 30€