Report : Mes jambes, si vous saviez, quelle fumée... au Théâtre de la Bastille

Par · Publié le 28 juin 2013 à 15h15
Jusqu’au 30 juin 2013, le Théâtre de la Bastille présente Mes jambes, si vous saviez, quelle fumée…, une pièce traitant de la vie et des passions folles de Pierre Molinier, photographe passionné de femmes en talons hauts et de bas en soie, rejetant profondément les bonnes mœurs et le conformisme que la société nous impose.

Qui était ce Pierre Molinier, au juste ? Un artiste, un photographe des années 50 à 70 qui se donna la mort en 1976, en déclarant « Je me donne volontairement la mort et ça me fait bien rigoler ». Un extravagant, un original, un passionné… Un pervers, fétichiste, sans doute. Qui peut le dire ? Une chose est certaine, il est intrigant, différent, loin d’être cet esclave conformiste dont il rejette ardemment la situation (ndrl : il déclare en 1951, alors qu’une censure doit être faite au sujet de son travail « Allez donc enfanter dans la nuit par le coït honteux, seul permis par la morale publique faite à l’usage des c…! Que me reprochez-vous dans mon œuvre? D’être moi-même? Allez donc, vous crevez de conformisme! Vous êtes des esclaves!»).

D’après des entretiens réalisés en 1972 par Pierre Chaveau avec Pierre Molinier, Bruno Geslin et Pierre Maillet ont fait une pièce de théâtre, respectivement à la mise en scène et au jeu. Confectionné en 2004 à la Bastille, Mes jambes, si vous saviez, quelle fumée… retrouvait sa scène-mère en cette fin de saison 2012-2013. La pièce présente Molinier dans son espace de jouissance, celui dans lequel il se sent naturellement le mieux.

Entre un ascète à moitié nu (portant des bas, bien sûr), un piano et le buste d’un mannequin, Pierre Molinier (Pierre Maillet) décrit ses fantasmes, les avouent mais ne les confessent pas : pourquoi devrait-il en avoir honte ? Pourquoi aurait-il à se faire pardonner ? « Ce que les autres appellent des vices, moi j’appelle ça mes passions ! », dit-il. Il raconte la mort de sa sœur, son désir ardant pour le corps sans vie de celle-ci, il raconte ses conquêtes, et la vie que devait mener un artiste extravagant dans un Bordeaux dans années 50.  

Entrecoupés par des scènes de danses lascives et érotiques, où les talons et les bas de soie sont une obligation, les récits s’enchaînent, avec humour et impertinence. Les jeux de lumière sont recherchés, l’ambiance torride et tamisée. Une pièce brillamment interprétée, et dont le sujet ne peut qu’interpeller, qu’il vous fascine ou qu’il vous rebute.  

Infos pratiques :

Mes jambes, si vous saviez, quelle fumée... au Théâtre de la Bastille jusqu'au 30 juin 2013.

Informations pratiques

Lieu

76 Rue de la Roquette
75011 Paris 11

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