« Who owns the Mahâbhârata ? ». Répondre à une telle question, c’est ce que Marjolin van Heemstra et Satchit Puranik demandent à des étudiants de l’Université de Puna, petite ville indienne d’où s’élevèrent le plus de critiques négatives contre le Mahâbhârata, le film, réalisé par Peter Brook. Ce fait là, il est inévitable : l’Inde, en 1989, reçu très mal la sortie de ce film qui se prétendait donner un aperçu d’une épopée si longue qu’elle n’a jamais été écrite, si longue que personne ne sait véritablement comment elle commence, et comment elle se termine.
L’idée de Brook était-elle d’occidentaliser l’histoire, de donner à l’Occident une histoire épique, tout en la volant à l’Orient ? Les deux amis ne sont pas de cet avis, au contraire : alors âgés de neuf ans, ils ont tout deux, un à Amsterdam, l’autre en Inde, été touché par ce film de 7h, filmé avec des acteurs venus du monde entier, qui n’avait pas la prétention d’offrir une version exhaustive, mais plutôt de faire ressortir l’essentiel qui y réside, et d’en faire profiter à l’Occident, généralement peu informé de la culture orientale.
Le Mahâbhârata offre une vision globale de l’être humain : « ce qui existe dans le Mahâbhârata existe sur Terre, ce qui n’existe pas dans le Mahâbhârata n’existe pas », dit un proverbe indien. Il se dit que si quelqu’un parvient à lire, écouter, regarder, tous les récits du livre sacré de l’hindouisme (des récits étant caché dans d’autres récits etc.), il pourrait prétendre connaître l’entière nature humaine. Il se dit aussi que le Mahâbhârata prouve que les hommes sont tous frères, et que nul couleur de peau ne peut les différencier : d’où l’idée de Brook de faire tourner des acteurs d’origines différentes. C’est cet amour de l’histoire qui a poussé Marjolin van Heemstra et Satchit Puranik à se réunir afin de nous raconter les différentes étapes de leurs recherches jusqu’à cette université indienne, cœur du mécontentement contre l’œuvre de Brook.
En véritables chercheurs, ces deux jeunes gens apportent sur la scène de la Maison des Métallos une analyse très intéressante peuplée d’une scénographie moderne et amusante. Ils ont une vraie énergie scénique qui rend leurs discours prenant. Agréable, incontestablement !
Infos pratiques :
Mahâbhârata, jusqu'au 20 septembre à la Maison des Métallos.
Retrouvez Marjolin van Heemstra et Satchit Puranik dès le 5 novembre 2013, dans Family '81 (ces deux spectacles faisant partie d'un triptyque sur le monde globalisé, créé par Marjolin van Heemstra).
Lieu
Maison des Métallos
94 Rue Jean-Pierre Timbaud
75011 Paris 11