Un classique des classiques pour la troupe des comédiens français : Andromaque, pièce maîtresse de Jean Racine (que le dramaturge compose alors qu'il n'est âgé que de 28 ans), est mise en scène en cette fin de saison par l’administratrice de la maison de Molière, Muriel Mayette-Holtz. Avec cette adaptation d’Andromaque, l’administratrice joue certainement ici une de ses dernières cartes pour sauver sa place (avec sa mise en scène du Songe d’une nuit d’été). Malheureusement, le résultat n’est pas vraiment concluant.
Cette adaptation du sublimissime texte de Racine est en effet relativement anodine, n’étant finalement, ni vraiment satisfaisante, ni complètement dérangeante. On se laisse alors porter par cette histoire d’après-guerre (celle de Troie, donc), qui mêle un quatuor amoureux qui ne sait prendre du recul sur sa situation, et qui, dévoré par les remords d’une guerre destructrice, n’arrive à se reconstruire. Andromaque, femme d’Hector, est devenue, après la guerre de Troie, la prisonnière de Pyrrhus, fils d’Achille, grand vainqueur de la guerre. Ce dernier tombe éperdument amoureux de sa captive, alors qu’il était déjà fiancé à Hermione, fille d’Hélène. Celle-ci a fait le voyage de Spartes pour l’épouser, mais se voit de ce fait dédaignée et méprisée, ce qu’elle ne pourra accepter. Oreste, à qui Hermione était auparavant promise, espère récupérer le cœur de sa belle et souhaite que Pyrrhus choisisse Andromaque… A grand coup d’alexandrins brillants (« Je t’aimais inconstant ; qu’aurais-je fait fidèle ! »), ils se meurtrissent et se déchirent sous nos yeux.
On regrette cependant que ce si beau texte soit parfois gâché par des intonations bien trop fortes. Eric Ruf, notamment, qui campe un Pyrrhus rongé par le remord et relativement fantomatique, semble hurler et déclamer (bien trop) tragiquement son texte… Il en est de même pour Clément Hervieu-Léger (actuellement à l’affiche en tant que metteur en scène d’un Misanthrope) qui, derrière des à-coups mélodramatiques, n’arrive à nous persuader de son malheur. On a aimé cependant, et comme toujours, la douce Léonie Simaga qui donne à Hermione tout le charisme et la virulence qu’il lui faut. Cécile Brune, quant à elle, interprète une Andromaque passive et lunaire, errante et déjà mourante parmi les vivants.
D’un point de vue scénographique, la pureté de l’espace et sa simplicité fonctionne plutôt mieux, et donne un peu se souffle à cette tragédie. La légèreté des rideaux blancs qui se laissent découvrir est frappante de contraste avec l’horreur de la guerre qui revient sans cesse, avec les décisions lourdes de conséquences que les personnages doivent prendre. Les costumes, dans une inspiration très gréco-romaine, sont ravissants (comme d’accoutumé) et les drapés participent aussi à un certain allégement. Il faut également noter le jeu de lumières, très réussi.
Muriel Mayette-Holtz offre aux spectateurs de la Comédie-Française une pièce qui ne fera pas date, c’est certain, mais n’exagérons rien : le moment n’est tout de même pas désagréable.
Infos pratiques :
Andromaque, Salle Richelieu, Comédie-Française, jusqu’au 31 mai 2014.
Horaires aléatoires, à consulter sur le site de la Comédie-Française.
Tarifs : de 10 à 41€
Réservations : 0825 10 1680
Dates et Horaires
Du 21 avril 2014 au 31 mai 2014
Lieu
Comédie française - salle richelieu
2, rue de Richelieu
75001 Paris 1
Accès
Métro Palais Royal - Musée du Louvre
Tarifs
CAT 3 : 13€
CAT 2 : 28€
CAT 1 : 41€