Phil, l’Allemand, et Sam, le Frenchy, un duo 100 % électro.
Phil Stumpf et Sam Rouanet, autrement plus connus sous le pseudo de Duplex 100, sont les valeureux créateurs des soirées Minimal Dancin au Nouveau Casino.
Les deux amis ont accepté de se confier à Sortiraparis, avant leur 48ème soirée
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Phil Stumpf : On s'est rencontrés en 1998 dans une fête à Paris où l'on nous a présentés comme ça : « Sam, Phil. Phil, Sam. Vous faites de la musique tous les deux, amusez vous bien ». Au début, c'était un moment embarrassant, mais très vite, on s'est rendu compte qu'on était tous les deux fans des absolus du groupe Tortoise (moi j'ai fait une première partie pour eux avec mon groupe allemand OH et Sam venait de vivre à Chicago et traînait avec eux là-bas) donc tout est parti de ce moment-là.
Sam Rouanet : Oui, on s'est rencontrés à Paris par le biais d'amis à moi, on avait des amis en commun a Chicago, les gars de Tortoise, et on a « cliqué » tout de suite.
Duplex 100, votre nom de djs et producteurs, quelle en est l'origine ?
Phil : On s'est dit qu'on était deux (donc Duplex) et qu'on allait tout faire à 100 %.
Maintenant on vit très bien avec.
Sam: C'est un nom qu'on a trouvé un peu à la va vite et c'était dur d'en changer par la suite, alors on l'a gardé.
Vous avez créé les soirées Minimal Dancin au Nouveau Casino, comment est né le projet ?
Phil : Lors d'une tournée de OH, on passait au Nouveau Casino (un des tout premiers concerts dans cette salle !) en 2001 et comme Sam et moi mixions toujours avant et après les concerts, avec les contacts qu'on avait déjà avec l'organisation du club on a pu commencer la première résidence « minimal house » à Paris en Octobre 2001.
Sam : J'avais un ami du sud de la France qui bossait au Charbon (partie bar/restaurant du Nouveau Casino) et qui m'a présenté Marie-Pierre (la première directrice artistique). Elle nous a fait confiance tout de suite. Là encore nous avions les mêmes amis communs (Tortoise).
Comment organisez-vous un set à deux ? L'un sait-il ce que l'autre va jouer ou est-ce plutôt un « battle » ?
Phil : Après les années on sait que l'autre ne va pas jouer des morceaux que l'on n'aime pas du tout. Jouer en ping-pong est très inspirant, ce n'est pas un « battle » mais un plaisir de créer un set homogène et créatif à deux. Quand on joue en live, ce qui arrive maintenant très souvent, on prépare le set selon le club, l'horaire et l'ambiance. Puis on se laisse aller dans l'improvisation basée sur des éléments existants.
Sam : En fait on n'organise rien du tout, on se connaît par c'ur musicalement et c'est plutôt un échange. Concernant le live, en effet, on prépare un set avant et on essaie d'improviser le plus possible sur une base déjà prête.
Propriétaires d'un label et d'une agence de booking, vous avez créé un véritable vivier de musique électronique, sans vous demander d'être exhaustifs, pourriez-vous nous dire qui sont vos producteurs et djs préférés du moment ?
Sam : Waw Il y en a tellement !!!! C'est dur de départager, mais je pense que franchement en ce moment ce sont les artistes avec qui l'on travaille sur le label et le booking, pour en citer quelque uns : 3 channels, P.toile, Trentemoeller, Martinez, SLG, Aspro. Personnellement, j'ai de plus en plus de mal à collaborer ou soutenir les gens qui sont un peu trop dans la « hype ». Je veux dire si je kiffe la musique cela n'a pas d'importance bien sûr mais quelque part j'ai quand même besoin d'un petit plus : un esprit créatif plus qu'une envie de célébrité et de mode, l'underground de base quoi, sans que cela soit trop en marge mais plutôt au service de la musique et de la création et sans concessions. Et dans ce business croyez moi, ça ne court plus les rues.
Phil : Après dix ans d'expérience, on apprend forcément à apprécier des artistes qui sont à la fois innovateurs et créatifs mais qui restent en même temps modestes, simples et sincères. Je n'aime pas la « hype » non plus, les prises de têtes, les artistes drogués et capricieux. On connaît maintenant les artistes qui nous intéressent, qui ont la même philosophie que nous. Je peux citer quelque noms : John Tejada, The Modernist, Antonelli Electr., Aril Brikha, Benjamin Wild, Robag Wruhme (et beaucoup d'autres encore) ou des labels comme Morris/Audio, Initial Cuts, Substatic, Moon Harbour ou Festplatten.
Parmi vos multiples activités, quelle est celle qui vous apporte le plus de satisfaction ?
Phil : C'est le tout ensemble : produire en studio, mixer dans les clubs, jouer en live, organiser des soirées et des festivals, faire de la musique « dancefloor » et « down tempo ». Le mélange est très important !
Sam : C'est dur de n'en choisir qu'une. Je crois que je m'ennuierais de ne jouer qu'en dj/live ou d'être tout le temps en studio pour produire. C'est un équilibre, chaque activité me donne de l'inspiration pour la suivante. Il y a des moments de grâce et des moments vraiment flippants... hahah !!!
Sam, vous êtes parisien exilé à Berlin et Phil, berlinois exilé à Paris, chacun de vous peut-il nous donner les raisons de cet « échange » ?
Sam : Je pense que c'est assez évident, un échange culturel et social total !!! Non, mais sans plaisanter cela s'est fait tout naturellement (girlfriends oblige) et quelque part c'est assez à l'image de notre amitié, curieux de l'autre et toujours partant pour une nouvelle expérience, qu'elle soit musicale ou sociale. Il ne me reste plus qu'à apprendre à parler Allemand maintenantC'est le plus dur !
Phil : En fait, je ne viens pas de Berlin mais de Bamberg, une ville en Bavière dans le sud de l'Allemagne. Sam et moi avons toujours connu ces conditions de vivre dans deux villes différentes. Quand j'étais en Allemagne, il était ici et maintenant c'est l'inverse. On a toujours le temps pour produire ensemble et en plus c'est génial d'avoir des bases dans ces deux villes en même temps.
L'un a choisi Berlin est, l'autre Paris rive droite comme secteur de prédilection, quels en sont selon vous les points communs et différences ?
Sam : Qui a envie de vivre dans le sud de Paris franchement ou à Berlin ouest ? On aime être au C'ur de l'action, c'est tout !
Phil : Moi, j'adore les deux villes, Paris pour la beauté, les rues, la vitesse et Berlin pour la qualité de vie, les gens, les prix !
Votre musique reçoit-elle le même succès dans les deux capitales ?
Phil : On est plus connus à Paris qu'à Berlin mais c'est normal car à Berlin il y a à peu près dix fois plus de djs, producteurs et clubs. C'est dur là-bas, tout le monde y va pour vivre mais en même temps ce n'est pas le paradis pour un producteur de se retrouver avec autant de concurrence.
Sam : Je dirais que Paris reste notre « home-town » car c'est de là que tout a commencé pour nous... mais récemment le fait de ne pas être de Berlin nous a aussi beaucoup aidés (plus exotique). En fait cela n'a pas vraiment d'importance, on se sent réellement Européens et tout a fait a l'aise dans les 2 pays !
Quels sont vos clubs préférés à Paris et à Berlin ?
Sam : A Paris, le Nouveau Casino et à Berlin : les 3 W !!!! Week-end, WMF, Watergate.
Phil : A Paris je me sens très bien au Nouveau Casino, au Triptyque et au Batofar. A Berlin, il y a plus de fluctuation mais comme Sam j'aime beaucoup les 3W.
Phil, qu'est-ce qui vous manque le plus de Berlin?
Ce qui me manque le plus, ce sont les parcs et les espaces verts qui sont si importants partout en Allemagne mais pratiquement inexistants à Paris.
Sam, qu'est-ce qui vous manque le plus de Paris?
En fait, même si ca fait très longtemps que je suis parti, je ne suis pas Parisien mais Toulousain à la base, du sud-ouest donc, ce qui fait qu'à Paris rien ne me manque réellement à part les amis. Mais ce qui me manque du sud par contre, c'est la bouffe et le pinard !
Propos recueillis par : Angélique Lagarde et Jérémy Saint-Prix