Et si on pouvait enrayer la propagation du Coronavirus en France grâce à la géolocalisation des téléphones ? C'est en tous cas ce que semble penser le comité de chercheurs CARE (pour Comité Analyse Recherche et Expertise) installé à l'Elysée depuis mardi 24 mars 2020.
Le groupe de 12 chercheurs et médecins, missionné par le gouvernement pour l'épauler et de le conseiller sur les mesures à prendre, ainsi que sur les méthodes de diagnostic et de suivi de l'évolution du Coronavirus sur le territoire français, est en effet amené à réfléchir sur l’utilisation des données des téléphones portables des Français pour endiguer la propagation du virus.
Cette nouvelle mission du CARE arrive alors qu'Orange vient justement d'annoncer une expérimentation, en partenariat avec l’Inserm, l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale. L'opérateur, qui équipe 40% des Français, a en effet décidé de transmettre les données de géolocalisation des téléphones de ses clients, collectées automatiquement par les 50 000 antennes relais installées sur le territoire français, afin que celles-ci soient analysées.
Pas de panique : les données sont parfaitement anonymes, et la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL) a donné son aval pour cette expérimentation, en accord avec le Règlement Général pour la Protection des Données (RGPD).
Ces données vont par la suite être analysées afin de déterminer la répartition des Français sur le territoire national, une donnée qui a été grandement modifiée récemment, en partie à cause de la migration importante des habitants des grandes villes, à l'annonce du confinement.
L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale compte ensuite croiser ces données avec les données médicales nationales concernant le Coronavirus, telles que les principaux foyers d’infection, la vitesse de propagation du virus mais aussi la capacité d’accueil des hôpitaux, comme l'explique Europe 1, afin d'ajuster, entre autres, les effectifs des personnels soignants et anticiper la surcharge des hôpitaux dans ces zones.
De son côté, le comité de chercheurs qui siège à l'Elysée va peut-être aller plus loin, puisqu'il doit conseiller le gouvernement sur une question épineuse : "l’opportunité de la mise en place d’une stratégie numérique d’identification des personnes ayant été au contact de personnes infectées", afin de suivre au cas par cas les personnes potentiellement porteuses du Coronavirus.
Mais la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés a affirmé qu'un suivi individuel "devrait reposer sur une démarche volontaire de la personne concernée", et qu"une intervention législative s’imposerait" si le gouvernement souhaitait outrepasser l'accord des personnes concernées.
Il ne faudrait pas reproduire en France les dérives de la Chine, où les personnes testées positives au Coronavirus, suivies grâce à leur téléphone portable et qui ne respectent pas le confinement sont interpelées et sanctionnées.
Les plus gros opérateurs européens ont été invités à collaborer et à fournir les données de géolocalisation anonymisées de leurs utilisateurs.