Les mesures face aux violences conjugales : Un nouveau numéro pour les auteurs de violences

Par Manon de Sortiraparis · Photos par · Publié le 8 avril 2020 à 13h04
En cette période de confinement, la Ville de Paris, la Préfecture de police, le Tribunal judiciaire de Paris et les associations restent entièrement mobilisés dans la lutte contre les violences conjugales. Un nouveau numéro, le 08 019 019 11, a été mis en place pour les auteurs de violences conjugales.

La lutte contre les violences conjugales ne s'arrête pas en période de confinement, loin de là. Jeudi 26 mars sur France 2, dans l’émission « Vous avez la parole », le Ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a même confirmé une augmentation des violences conjugales depuis la mise en place du confinement dans le pays.

Pour venir en aide à ces femmes victimes de violences, Christophe Castaner a donc annoncé la mise en place, dans les pharmacies, d’un dispositif permettant à ces dernières de donner l'alerte, en cas de besoin. 

Pour pallier ces violences, la Maire de Paris, le Préfet de police, le Préfet de Région, le Président et le Procureur de la République du Tribunal judiciaire de Paris tiennent à rappeler que même en cette période de confinement, la lutte contre les violences conjugales et les violences intra familiales est une priorité

Dans un communiqué, la Mairie de Paris rappelle qu'en cette période de confinement, le déplacement hors de son domicile afin de déposer plainte dans un commissariat de police est l’une des exceptions à l’obligation de confinement. En cas d’urgence, les victimes peuvent se rendre sans délai dans le commissariat le plus proche ou se signaler auprès de n’importe quel fonctionnaire de police présent dans l’espace public qui les orientera vers un lieu de dépôt de plainte. 

Les numéros de téléphone suivants sont également joignables à tout moment : le 17 (signaler une situation de violences), le 34 30 (prendre un rendez-vous pour déposer plainte), le 39 19 (Violences Femmes info - numéro d’écoute nationale), le 0800059595 (Viols Femmes Informations), le 119 (Enfance en danger) et le 39 75, numéro d’accueil parisien.

Par ailleurs, à compter du mercredi 1er avril 2020, le 114, le numéro habituellement réservé aux sourds et malentendants, va être accessible par sms aux femmes victimes de violences conjugales, afin de donner l'alerte plus facilement. Une fois le sms reçu par les agents de la plateforme, ces derniers se chargent de contacter le service d'urgence le plus proche (Samu, pompiers, police ou gendarmerie). 

Les points d’accès au droit parisiens maintiennent, quant à eux, des permanences d’urgence et restent joignables par mail à ces adresses : contact.pad20@droitsdurgence.org ; pad19.courriel@gmail.com ; contact.pad18@droitsdurgence.org ; pad15.courriel@orange.fr ; contact.pad13@droitsdurgence.org

La plateforme de signalement des violences sexuelles et sexistes mise en place par le Ministère de l’Intérieur pour signaler des violences, et pouvoir bénéficier d’assistance et de conseils, reste également opérationnelle pendant la toute la durée du confinement.

A noter également que des intervenants sociaux assurent des permanences téléphoniques dans les commissariats de police parisiens afin de permettre aux victimes, si leur situation le justifie, de bénéficier en urgence d’un hébergement temporaire proposé par la Ville de Paris en complément de l’éviction du conjoint violent, éventuellement ordonnée par l’autorité judiciaire.

Comme le révèle Le Parisien, la Mairie de Paris a décidé de libérer des logements afin de séparer les victimes de leurs conjoints violents. Pour ces derniers, la Ville prévoit 11 places supplémentaires dans les centres d'hébergement. Et pour les femmes victimes de violences qui souhaitent quitter leur domicile après avoir porté plainte, la Mairie a prévu 10 logements sociaux dont les adresses sont tenues secrètes. 

En Seine-Saint-Denis aussi, on prend le problème à bras le corps. Pour assurer la sécurité des femmes victimes de violences conjugales, le département a décidé de financer 10 chambres d'hôtel pendant la durée du confinement, dans lesquelles les conjoints violents seront obligés de rester, sur décision de justice. 

"Dans la période de confinement, pour qu'une femme ait plus de chance d'être en sécurité, il faut évincer l'homme violent du domicile. C'est beaucoup plus compliqué pour une femme de partir avec ses enfants à l'hôtel", a expliqué Ernestine Ronai, responsable de l'Observatoire départemental de Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes, à l'AFP. 

Du côté du Tribunal judiciaire de Paris, une permanence est assurée deux fois par semaine afin de permettre le traitement à bref délai des demandes d'ordonnances de protection. Les services du Parquet de Paris peuvent également décider du déferrement des personnes mises en cause afin d’apporter une réponse pénale rapide, le cas échéant par un jugement en comparution immédiate.

Les services sociaux de la Ville de Paris vont très prochainement mettre en œuvre un protocole d'appel téléphonique qui permettra d'appeler les femmes ou les hommes déjà identifiés par ses services comme étant victimes de violences, afin de connaître leur situation actuelle et le cas échéant de faire un signalement au parquet de Paris. 

Lundi 6 avril 2020, un nouveau numéro national (le 08 019 019 11) a été ouvert pour les auteurs de violences conjugales, afin d'empêcher l'escalade de la violence dans les foyers confinés. Ouverte du lundi au dimanche, de 9h à 19h, la ligne téléphonique est financée par la Délégation aux Droits des Femmes, et gérée par la Fédération Nationale d'Accompagnement des Auteurs de Violences (FNACAV). 

C'est Marlène Schiappa, Secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les Femmes et les Hommes, qui a annoncé son lancement, sur Twitter : "Le numéro de prévention des #ViolencesConjugales ouvre aujourd'hui. Préservez votre famille des violences: faites-vous accompagner au 08.019.019.11". 

En tout, ce sont 22 intervenants, psychologues ou spécialistes de la prise en charge des auteurs de violences qui seront à l'écoute. Ils pourront ensuite rediriger les auteurs de violences vers l'une des 36 structures adhérentes de la Fédération Nationale d'Accompagnement des Auteurs de Violences.

Le président de la FNACAV, Alain Legrand, déclarait ainsi à l'AFP :  "L'objectif est de permettre à des gens au bord de la violence, ou déjà dedans, d'appeler pour trouver une écoute et commencer un travail", enjoignant les hommes violents à "appeler avant de frapper".

De son côté, le Groupe mutualiste Covéa (MAAF, MMA et GMF) apporte une aide financière immédiate de 500 000€ à la Fondation des femmes pour aider et accompagner les victimes. Cela permet de financer, notamment, les besoins de la Fondation et des associations partenaires qui maillent le territoire, notamment l’achat de matériel et de téléphonie mobile pour assurer le fonctionnement de centres d’écoute et de permanences juridiques assurés en télétravail par les écoutants; l’achat de denrées alimentaires et de produits de première nécessité; et le financement de solutions d’hébergement.

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