Une revalorisation attendue depuis des semaines... Olivier Véran a annoncé à nos confrères du JDD quelques pistes de son plan pour l'hôpital qu'il présentera cet été après consultation des partenaires sociaux, lors d'un "Ségur de la santé" lancé le 25 mai prochain. Une annonce de la revalorisation des salaires et carrières du personnel soignant qui fait écho à celle faite fin mars par le Président de la République, lors d'une visite de l'hôpital de campagne de Mulhouse, installé pour soulager les hôpitaux de la région submergés par les patients Covid-19.
Quelles sont donc les pistes évoquées par le ministre de la Santé ? "Nous allons augmenter les rémunérations, travailler sur un plan d'investissement ambitieux et enclencher une transformation profonde de tout ce qui ne tire pas l'hôpital vers le haut" a ainsi expliqué Olivier Véran, donnant quelques précisions sur une hausse des salaires : "Il faut travailler sur une augmentation de ceux-ci, au-delà des primes" indique-t-il. De la à dire que cette augmentation sera significative... Il faudra attendre cet été pour le savoir.
Mais cette question de la revalorisation des salaires ne va pas sans une montée en compétences également gratifiée : "Des médecins exercent des missions de formation ou de recherche qui doivent être reconnues" explique ainsi le ministre de la Santé. Il continue : "Aujourd'hui, si une infirmière décroche un doctorat, elle conserve le même salaire. Ce n'est pas normal". Et de conclure sur la question : "Il faut faire évoluer les compétences et les missions de ceux qui le souhaitent, et les reconnaître à leur juste valeur ; il faut faire évoluer les métiers du soin en les adaptant aux nouveaux besoins de prise en charge des patients".
Autre piste évoquée, l'organisation du travail : "De nombreuses infirmières sont contraintes de faire des "ménages", c'est-à-dire des heures supplémentaires, illégalement, dans d'autres établissements" explique également Olivier Véran. Il poursuit : "Si des salariés de l'hôpital souhaitent travailler davantage et augmenter leur rémunération, il faut que ce soit possible. Pour ça, il faut revoir le cadre d'organisation du temps de travail à l'hôpital". Une nouvelle organisation du travail qui passe, entre autre, par un assouplissement des 35h : "Il ne s'agit pas d'obliger des gens à travailler davantage, mais de créer un cadre beaucoup plus souple pour permettre à ceux qui le souhaitent de le faire, ou d'organiser leur temps de travail différemment. Sans pression." indique-t-il.
Une revalorisation de l'hôpital qui passe aussi par sa gestion. A la question des fermetures de lits, Olivier Véran a expliqué vouloir en finir avec ce dogme : "Il faut adapter notre capacité à la charge de soins, aux besoins des patients" évoque-il, tout en s'appuyant sur son passé de médecin : "Médecin hospitalier, j'ai connu les brancards dans les couloirs, ce n'est plus acceptable" conclut-il.
Une réforme désormais dans les mains du gouvernement qui va devoir proposer quelque chose à la hauteur du dévouement et du travail du personnel hospitalier, sous peine de plonger dans une nouvelle crise sociale. Pour rappel, de nombreuses manifestations des personnels soignants avaient éclaté dans tout le pays en novembre 2019. Des infirmières, médecins, brancardiers et autres aides-soignants étaient descendus dans la rue pour alerter l'exécutif sur l'état désastreux de l'hôpital public. Il aura fallu une crise sanitaire pour faire bouger les choses.