C'est le sujet tabou dans le monde diplomatique : l'optimisation fiscale des géants du web comme Google, Apple, Facebook, Amazon. Et la taxe GAFA que la France tente de faire accepter aux autres pays, et qui agace les Etats-Unis, est un dossier brulant à souhait. Bruno Le Maire l'a décrié ce mercredi 3 juin au micro de BFM Business : "Je vais être très clair, nous ne céderons rien sur cette refondation de la fiscalité internationale [...] Nous ne pouvons plus accepter d'avoir des entreprises qui délocalisent leurs profits pour payer un impôt sur les sociétés de 2% ou 3% au lieu des 25% auxquels nous serons en 2022 en France."
Pour le Ministre de l'Economie et des Finances : "Ça fait baisser la croissance, ça fait détruire des emplois et ça détruit l'activité économique."
Depuis plusieurs années, l'OCDE penche sur une réforme de la fiscalité afin de l'adapter à l'économie numérique et à l'optimisation fiscale pratiquée par les géants du web. Sous couvert d'avoir leur siège dans des paradis fiscaux, certaines grandes entreprises évitent de payer les taxes dans les pays où elles réalisent vraiment leur chiffre d'affaires.
Cette situation agace tellement les gouvernements du monde entier qu'ils réfléchissent à une solution commune depuis des années, mais sans avancée réelle. Au point que la France a décidé d'introduire une taxe GAFA en juillet 2019. La "taxe sur le numérique" est censée rapporter 650 millions d'euros par an en taxant à 3% le chiffre d'affaire réalisé en France par les entreprises "dont les chiffres d'affaires annuels sont supérieurs à 750 millions d'euros à l'échelle mondiale et 25 millions d'euros à l'échelle de la France." Soit Google, Apple, Facebook, Amazon mais aussi Microsoft, Uber, Airbnb...
Si Bruno Le Maire se targue d'être le premier ministre à avoir mis en place une telle taxe, le gouvernement a gelé la taxe GAFA. Il faut dire que les Etats-Unis ont menacé la France de représailles fiscales, souhaitant taxer le vin français si cher aux américains pour les dissuader d'acheter français. "Nous sommes le premier Etat à l'avoir fait en France, et nous sommes le seul Etat en Europe à avoir une taxation du digital mise en place en 2019, perçue en 2019, et nous continuerons en 2020."
Les ministres des finances des sept grandes puissances mondiales formant le G7 - Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni - se réunissaient pour échanger sur différents sujets. Au propos de la Taxe GAFA, Bruno Le Maire indique seulement : "Nous ce que nous souhaitons, c'est bâtir la fiscalité internationale du 21e siècle. C'est à dire être capables de taxer les géants du numérique.", avant de conclure : "Nous nous donnons quelques mois pour parvenir à un accord multilatéral, d'ici je l'espère la fin de l'année 2020, pour que notre taxe nationale puisse être remplacée par une solution internationale".
Accord ou pas, la France semble bien déterminée dans la mise en place de la taxe GAFA. Reste à savoir si les américains trinqueront toujours avec du vin européen.