Lundi 8 juin, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a pris plusieurs mesures pour endiguer le racisme galopant dans les rangs de la police et de la gendarmerie et prévenir de futures bavures policières. Castaner a ainsi indiqué une "suspension systématique envisagée" pour chaque "soupçon avéré de racisme" au sein des forces de l'ordre, l'abandon de la méthode "de l'étranglement qui ne sera plus enseignée dans les écoles de police et de gendarmerie", le port visible du numéro de matricule ainsi qu'un renforcement de l'usage de caméra-piétons.
Des mesures qui n'ont pas plu à plusieurs syndicats policiers, et tout particulièrement l'abandon de la méthode de l'étranglement. En effet, selon les représentants des forces de l'ordre, sans nouvelles techniques d'interpellation, il leur est impossible d'effectuer leur travail dans de bonnes conditions.
"Puisqu’on nous retire les moyens de faire notre travail en toute sécurité, arrêtons tout simplement de le faire. Puisque nous n’avons pas la capacité de pouvoir maîtriser un individu récalcitrant avec les gestes techniques d’intervention qui nous sont enseignés, arrêtons", avait ainsi déclaré Denis Jacob mardi soir sur le plateau de LCI. "Nous demandons à nos collègues de ne plus procéder à l’arrestation d’individus récalcitrants s’ils n’ont pas les moyens de le faire de manière sécurisée" avait-il même précisé sur BFMTV.
Une "grève des interpellations" également demandée par le syndicat Alliance sur Twitter, qui a appellé les forces de l'ordre à cesser les arrestations "afin de ne pas être traduit devant le tribunal correctionnel pour violences policières"; mais également par le syndicat UNSA Police, qui a demandé "aux collègues de ne prendre aucun risque dans l’accomplissement de leurs missions."
Pour calmer la colère des forces de l'ordre, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner va rencontrer, ce jeudi 11 juin ainsi que vendredi 12 juin, plusieurs syndicats policiers. Selon Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergies Officiers (CFE-CGC), les déclarations du ministre lundi, "c'est comme si on nous avait mis un coup de poing au foie."
Pour David le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de police (SCPN-Unsa), "Les commissaires sont très remontés, ils ont l'impression d'être lâchés et désavoués." Même son de cloche chez Philippe Capon, secrétaire général Unsa-Police, pour qui "le gouvernement (les) a utilisés pour faire barrage à un certain nombre de choses : les 'gilets jaunes', les manifestations contre la réforme des retraites, le confinement, etc (...) Et là, il y a un problème aux Etats-Unis et on le transpose en France. Il faut arrêter de tout mettre sur le dos des forces de l'ordre."
Pour Yves Lefebvre, secrétaire général d'Unité-SGP-FO, "si le gouvernement persiste et signe, les flics vont tout arrêter, arrêter les interpellations."